Bruno Colmant

L’amorce de nationalisations?

Bruno Colmant Economiste. Professeur à la Vlerick School, l’ULB et l'UCL.

Dans de nombreux pays et secteurs d’activité, des États européens prélèvent des taxes sur ce qu’ils considèrent être des surprofits. Quelles sont les entreprises concernées ? Producteurs et distributeurs d’énergie, banques, compagnies d’assurances, et même, en Norvège, les entreprises de pisciculture.

Le mot “nationalisation” n’est pas (encore) prononcé, mais c’en est peut-être l’amorce.La monnaie, qui est certes un bien public, est renationalisée depuis que la BCE a décidé de prendre le contrôle du financement des États et de la courbe des taux d’intérêt, chose qui eut été impensable lors de la création de la monnaie unique.

J’ai l’intuition que les prochaines années exigeront d’assister au retour de l’État éclairé au titre d’acteur dominant de l’économie, sous forme d’impulsions stratégiques. La fin de la parenthèse néolibérale va peut-être s’accompagner de nationalisations ou d’étatisation de pans entiers de l’économie, faute d’avoir pu trouver une tempérance du secteur privé, trop longtemps lié à son autorégulation, dans de nombreux secteurs proches des besoins de base des citoyens.

Cela va même plus loin : il n’est pas exclu que si les entreprises et les États ne s’associent pas dans un partenariat structuré, des articulations politiques collectivisent des pans entiers de l’économie privée, sous forme de confiscation et de nationalisations.

Quoi qu’il en soit, il faut faire face à une réalité : le néolibéralisme anglo-saxon, c’est fini. Ça a duré 40 ans, avec des avantages, mais aussi de grands déséquilibres, désormais aggravés par les évènements récents.

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