L’Allemagne veut durcir les règles pour les investisseurs non-européens

Peter Altmaier © AFP

L’Allemagne prévoit de durcir ses règles sur les prises de participation d’entreprises jugées stratégiques par des investisseurs non-européens, a indiqué mardi le ministre allemand de l’Economie dans un contexte d’inquiétude face aux ambitions chinoises.

“A l’avenir, nous voulons être en mesure de regarder de plus près les choses lorsqu’il s’agit d’entreprises liées à la défense, aux infrastructures critiques et certaines technologies civiles importantes pour la sécurité”, a expliqué Peter Altmaier au quotidien Die Welt.

Actuellement, le gouvernement peut bloquer une prise de participation dans une entreprise jugée stratégique par un investisseur étranger si celle-ci excède 25%. Le ministre souhaite “abaisser ce seuil pour pouvoir vérifier un plus grand nombre (de transactions) dans des domaines sensibles”.

Une source au sein du ministère a évoqué un niveau de 15%. La mise en oeuvre pourrait intervenir dès 2019.

“Nous voulons que les entreprises continuent d’investir en Allemagne mais il est aussi de notre devoir d’assurer la sécurité” nationale, a dit M. Altmaier.

Le gouvernement affirme ne viser aucune nationalité en particulier, mais depuis deux ans il s’inquiète des ambitions chinoises.

A deux reprises fin juillet, l’Etat est intervenu pour bloquer des projets d’investisseurs chinois. Il a notamment racheté lui-même 20% d’un gestionnaire d’électricité, faute de pouvoir empêcher la transaction, celle-ci étant en dessous du seuil actuel de 25%.

Le gouvernement a aussi empêché le rachat d’un fabriquant de machines-outils.

Pékin assure pour sa part avoir pour seule ambition des relations économiques et commerciales bénéfiques aux deux pays.

“Nos investissements ne menacent pas votre sécurité nationale, dans beaucoup de projets communs nous voulons apprendre de vos expériences, vos technologies”, a assuré en juillet à Berlin le Premier ministre chinois, Li Keqiang.

Le patron du renseignement intérieur allemand, Hans-Georg Maassen, s’est montré méfiant, estimant au printemps qu'”on n’a plus besoin d’espionner quand on peut acheter des entreprises entières”.

La croissance des prises de participations chinoises en Allemagne est impressionnante. En 2017, elles représentaient 12 milliards d’euros pour 36 transactions, contre 11 milliards l’année précédente et surtout contre seulement 663 millions en 2015, selon l’Institut de l’économie allemande, un centre de recherche et d’analyse.

Ces préoccupations ne se limitent pas à l’Allemagne. L’UE est ainsi inquiète des avancées chinoises en Europe de l’Est, notamment via son projet de “Nouvelles routes de la soie”, un colossal plan d’investissements dans les infrastructures en Asie et en Europe.

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