L’aéroport de Charleroi en piste pour le recyclage des avions

L'unité de recyclage des avions déclassés pourrait générer 300 emplois directs et plus du double d'emplois indirects. © getty images
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le gouvernement wallon vient de lancer un appel à projets en vue de l’implantation, près de l’aéroport de Gosselies, d’une unité de recyclage des avions déclassés.

L’aéronautique est souvent stigmatisée comme une activité particulièrement polluante. Elle peut pourtant se montrer à la pointe de la transition écologique et de l’économie circulaire. Telle est la conviction du gouvernement wallon, qui parie sur le développement d’une filière de recyclage des avions déclassés. Cela pourrait générer 300 emplois directs et plus du double d’emplois indirects.

L’idée n’est pas neuve, des initiatives de ce type ont été menées en France et en Flandre notamment, mais sans guère de succès. Pourquoi pourrait-elle réussir cette fois-ci? Trois arguments sont avancés. D’abord, le projet repose sur des bases techniques solides. “Nous avons développé en Wallonie une compétence industrielle dans la fabrication et la maintenance des avions, confie Etienne Pourbaix, directeur du pôle de compétitivité Skywin. Ces compétences peuvent évoluer pour aller chercher la valeur ajoutée dans le démantèlement des avions en fin de vie. C’est l’une des forces de notre tissu.”

Ensuite, une partie de l’investissement de départ sera financée par le plan européen pour la reprise et la résilience (39 millions). Cela vaut tant pour la construction des infrastructures que pour le volet R&D. Des partenaires privés seront sollicités via un appel à projets pour compléter le tour de table qui devrait dépasser les 100 millions d’euros.

De nouveaux métiers

Enfin, le modèle économique va très loin dans la valorisation des matériaux issus du démantèlement des avions, alors que les expériences précédentes se limitaient à la réutilisation d’une série d’éléments. “Ce n’est pas parce qu’un appareil est déclassé que toute l’électronique du cockpit est à jeter, déclare Etienne Pourbaix. Des pièces sont encore utilisables et il existe un marché de seconde main dans notre secteur.”

Le projet wallon va bien au-delà de cette réutilisation. “Nous allons jusqu’au bout de la chaîne, dans une logique d’économie circulaire, explique le ministre wallon des Aéroports Jean-Luc Crucke (MR). Notre projet valorise la recomposition ou le reconditionnement de matériaux récupérés dans les opérations de démantèlement. Il ne s’agit pas seulement de relocaliser une activité mais d’y ajouter une véritable plus-value. Nous créons ainsi de nouveaux métiers qui seront difficilement délocalisables.” C’est pourquoi le projet prévoit un important volet de recherche mais aussi de formation pour le personnel de ces industries du futur.

Le gouvernement wallon avait déjà pris l’an dernier une autre mesure afin de “verdir” l’industrie aéronautique. Le plan Wings prévoit en effet une enveloppe de 112 millions d’euros pour renforcer les aides à la recherche autour de l’avion bas carbone. Cette disposition était vraiment cruciale pour préserver la R&D dans les entreprises qui avaient vu leur trésorerie fondre en raison de la crise du Covid-19. “Il y avait un véritable risque de voir les compétences techniques quitter le secteur si les projets de recherche s’arrêtaient, souligne le patron de Skywin. Le gouvernement a heureusement compris la nécessité d’agir pour maintenir les investissements en recherche et conserver ainsi les compétences dont le secteur a besoin.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content