Kit de survie contre la déflation

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La déflation est à nos portes. Une baisse prolongée des prix n’est pas facile à vivre. Il y a des comportements à éviter. Nos conseils pour s’en sortir, que l’on soit épargnant, propriétaire, entrepreneur ou simple consommateur.

On la craignait depuis des mois. La voilà qui frappe à la porte. La déflation, c’est-à-dire une longue période de baisse généralisée des prix, menace. Même si, officiellement, on se refuse encore à l’admettre, en pratique, on creuse des tranchées pour l’empêcher d’avancer.

En période de déflation, les ménages ont donc moins de pouvoir d’achat et, en outre, sont toujours apeurés. La confiance des Belges n’a cessé de s’éroder depuis le mois de janvier, montre le baromètre de la Banque nationale.

Du coup, nous continuons d’épargner plutôt que de consommer.

Quels en sont les risques immédiats?

En Belgique, Comeos, la fédération des entreprises de commerce, avertit que les prix dans les magasins sont en baisse depuis deux trimestres consécutifs. Et le revenu disponible des ménages est en baisse constante: -0,1 % en 2012, -0,4 % en 2013, -0,3 % encore au premier semestre de cette année.

Ainsi, les premières à subir la déflation sont les entreprises, ou plutôt les salariés de celles-ci. Une baisse des prix et une diminution de la consommation “obligeront” ces entreprises à, tôt ou tard, couper dans les coûts. Et qui dit réduction des coûts dit très souvent licenciements.

En effet, il s’agit d’un enchaînement de facteurs négatifs : une diminution de la consommation entraine un ralentissement de l’activité et donc une diminution des rentrées, soit moins de bénéfices. Une nécessité de faire des économies apparaît, donc il faut réduire les coûts, s’en suivent une vague de licenciements, licenciements qui à leur tour entraînent… une diminution de la consommation faute de pouvoir d’achat. Et la spirale infernale repart pour un tour.

“Survivre dans un environnement déflationniste ? Bien sûr que c’est un sujet qui nous préoccupe”, confie Dominique Michel, le patron de Comeos, la fédération belge du commerce.

Le secteur de la distribution par exemple prend déjà le choc de plein fouet. “Les prix en magasins sont encore un peu plus bas que le niveau général des prix, observe le patron de Comeos. Donc, quand l’inflation est pratiquement nulle, les prix en magasins sont en baisse.” En Belgique, le niveau moyen des prix en magasins est en baisse depuis six mois, ce que l’on n’avait plus observé depuis 20 ans.

Et comme, la concurrence en Belgique s’est accrue, les profits des commerçants fondent comme neige au soleil. “En quatre ans, nos marges ont baissé de 20 %, souligne Dominique Michel. Face à la déflation, il n’y a malheureusement qu’une seule réponse valable : réduire les coûts. Et les réduire plus rapidement que la baisse des prix. Mais je sais que réduire les coûts, cela signifie souvent licencier, ce qui se traduit par une réduction des revenus disponibles pour les ménages, donc une demande plus faible, et au final, une accélération de la déflation. Pour éviter ce cercle vicieux, il faut une politique monétaire appropriée : les autorités doivent injecter un gros paquet de liquidités. Alors, nous pourrons sortir la tête hors de l’eau. Sinon, le cercle vicieux sera enclenché.”

Des pistes pour se protéger ?

Que peut-on faire ? Pour Monsieur et Madame Tout-le-monde, on a envie de répondre “rien” (du moins dans l’immédiat). La déflation est sans doute un des rares moments où celui qui laisse son argent sous le matelas effectue un placement qui rapporte. “Si je laisse mon argent sur un compte qui n’offre aucune rémunération, mon pouvoir d’achat aura néanmoins augmenté puisque les prix auront diminué”, observe Philippe Ledent. C’est logique puisque l’épargnant doit toujours raisonner en taux réels, corrigés de l’inflation. Si je place mon argent dans un livret qui ne me rapporte que 0,5 %, mais que les prix baissent de 1 %, je bénéficie sur mon épargne d’un taux réel de 1,5 %. La précipitation semble donc la chose à bannir quand la déflation s’installe.

Investir dans la brique, une (fausse ?) bonne idée ? Est-ce le bon moment d’acheter un bien immobilier ? Tout dépend de l’usage que l’on veut en faire. S’il s’agit d’un investissement, c’est non : en période de déflation, la valeur du bien va baisser, de même que le revenu des loyers. S’il s’agit d’une acquisition pour se loger, pourquoi pas ?

De manière plus générale, les économistes s’entendent pour déconseiller la valeur refuge par excellence, l’or, en période de déflation.

PIERRE-HENRI THOMAS

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