Johan Albrecht (UGent) : “Même la paix ne fera pas fortement baisser le prix du gaz”

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Daan Killemaes Economiste en chef de Trends Magazine (NL)

Après les images de crimes de guerre russes en Ukraine, l’Union européenne veut des sanctions plus sévères contre la Russie. Le président français Emmanuel Macron appelle à un embargo sur le pétrole et le charbon russes. Un embargo sur le gaz n’est pas encore à l’ordre du jour.

Mais attention, dans un marché énergétique tendu, l’UE aura bien du mal à trouver des alternatives à l’énergie russe, prévient le professeur d’économie et spécialiste de l’énergie Johan Albrecht (UGent).

1. Dans quelle mesure l’UE peut-elle se passer du gaz naturel russe ?

“Nous devrons l’acheter ailleurs, mais le gaz est cher partout maintenant. En outre, l’UE est en mauvaise posture pour des négociations, car elle a annoncé qu’elle souhaitait réduire sa dépendance à l’égard du gaz russe de deux tiers d’ici la fin de l’année. Il ne sera donc pas facile de conclure de gros contrats avec d’autres fournisseurs, comme le Qatar ou les États-Unis. Ce gaz naturel pourrait nous coûter plus cher que le gaz russe.”

2. Le prix du gaz a grimpé en flèche, bien que le gaz naturel soit abondant. L’UE a-t-elle raison d’intervenir dans ce marché dysfonctionnel ?

“Le prix de l’essence augmente depuis longtemps. L’Agence internationale de l’énergie affirme depuis un certain temps que les prix élevés sont le résultat de la faiblesse des investissements dans la production. Le gaz naturel était ridiculement bon marché sur la période 2018-2020. La forte augmentation de la demande en 2021 et la faible capacité de production sont à l’origine du prix actuellement élevé du gaz. Un accord de paix entre la Russie et l’Ukraine pourrait atténuer ce prix, mais les prix bas de 2018-2020 ne reviendront pas. Les achats groupés de l’UE n’apporteront pas de gros rabais.”

3. Un embargo sur le pétrole russe est-il plus réaliste ?

“Cela aurait moins d’impact sur l’économie européenne, car on peut changer de fournisseur de pétrole plus facilement. Mais les marchés pétroliers sont également tendus, et il faut donc se demander qui bénéficierait de cet embargo. D’autres parties, comme la Chine, s’empareront rapidement des volumes de pétrole russe.”

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