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“Jobs (2016)… Jobs (2017)… et jobs en 2018 ?”

Les deux dernières années ont été très positives en matière d’emplois en Belgique. Même si les chiffres définitifs ne sont pas encore disponibles, on peut considérer qu’entre la fin de l’année 2015 et la fin de l’année 2017, l’emploi total en Belgique a progressé de plus de 130.000 unités.

Pour bien comprendre ce chiffre, il faut se rappeler qu’en moyenne sur les 20 dernières années, l’économie belge a créé quelques 40.000 emplois par an. On est donc bien au-dessus de ce chiffre au cours des deux dernières années. C’est d’autant plus remarquable que la croissance économique est certes de retour, mais n’est pas exceptionnellement forte. Observer un rythme de croissance de 65.000 emplois par an alors que la croissance de l’activité économique est de 3 % ou 3,5 % serait ” normal “, mais quand elle ne dépasse pas 1,6 % – 1,7 % (comme ce fut le cas ces deux dernières années), c’est beaucoup plus remarquable. Pour finaliser ce tableau très positif, on signalera aussi que ces emplois ont été créés majoritairement dans le secteur privé. Cela tranche avec des périodes précédentes (notamment la période 2011 – 2014) où la création d’emplois dans le secteur public masquait de lourdes pertes dans le secteur privé. Même le secteur de l’industrie a arrêté de perdre des emplois en 2017, alors qu’il en a perdu plus de 80.000 au cours des 10 dernières années. En conclusion, l’économie belge crée des emplois et même plus que la croissance économique ne le laisserait penser.

Un tel écart entre la croissance économique et l’emploi ne peut être que temporaire. Après deux années ” d’anomalie “, on devrait voir les deux variables revenir vers leur relation de long terme en 2018.

Restons modestes… Chacun aura sa propre lecture ” politique ” de ces chiffres. Il est tentant de faire un lien direct entre des mesures gouvernementales et une croissance intensive en emplois. Mais en fait, il est probablement encore trop tôt pour faire une telle association. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, comme la gravité de la crise passée ou la reprise vigoureuse dans la zone euro. Il est tout aussi tentant de critiquer le chiffre en invoquant des emplois précaires ou à temps partiel. Mais ce serait tout autant forcer le trait. D’une part, les chiffres de l’emploi incluent déjà une correction pour l’emploi à temps partiel. D’autre part, la diminution du nombre de demandeurs d’emploi de près de 60.000 unités sur la même période, malgré une croissance toujours positive de la population active, confirme la meilleure santé du marché du travail. Enfin, dans une économie moderne, l’emploi à temps partiel ou intérimaire, tout comme le cumul de plusieurs emplois, ne doivent pas être vus comme des éléments nécessairement dégradant. En bref, comme bien souvent, la réalité économique est pleine de nuances sur lesquelles le débat politique n’a pas le temps de s’attarder. Retenons-en donc au moins que le marché du travail se porte beaucoup mieux !

Retour à la normale. Un tel écart entre la croissance économique et l’emploi ne peut être que temporaire. Après deux années ” d’anomalie “, on devrait voir les deux variables revenir vers leur relation de long terme en 2018. Celle-ci, rappelons-le, associe une croissance de l’ordre de 2,0 % à la création de 40.000 emplois nets. La bonne nouvelle est que la croissance économique devrait effectivement accélérer vers ce niveau de 2,0 %.

Cependant, le marché du travail risque de retomber face à ses vieux démons : en premier lieu, on sait que le plus gros problème du marché du travail belge est l’inadéquation entre les qualifications requises par les entreprises et celles dont disposent les demandeurs d’emplois. Or, de plus en plus d’entreprises se plaignent déjà de ne plus trouver les personnes adéquates, ce qui devrait limiter la création d’emplois. Cela peut paraître paradoxal (et rageant) quand on dénombre plus de 500.000 demandeurs d’emplois, mais c’est la réalité. Par ailleurs, les tensions sur le marché du travail combinées à une inflation toujours plus élevée que dans les pays voisins risquent de mettre la pression sur les coûts des entreprises, ce qui pourrait aussi freiner leurs ardeurs en matière d’embauche. Ces éléments font penser que l’anomalie (positive ! ) observée en matière de créations d’emplois prendra fin en 2018. Mais, pour autant que la croissance économique soit au rendez-vous, 2018 n’en demeurerait pas moins une bonne année pour l’emploi permettant une meilleur santé de l’économie belge !

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