Jean-Luc Crucke regrette le renvoi à l’arriéré du décret pour un impôt plus juste

Jean-Luc Crucke

Le projet de décret devant permettre la mise en place d’un “impôt plus juste” en Wallonie devait être examiné ce lundi en commission du Budget du parlement régional. Il a finalement été retiré de l’ordre du jour et renvoyé à l’arriéré dont il aura sans doute bien du mal à sortir. “Un échec”, a admis en début de séance le ministre du Budget, Jean-Luc Crucke.

“Ce n’est pas une volonté personnelle. Il y a un accord avec le ministre-président et j’ai pour habitude de respecter les accords”, a-t-il expliqué, visiblement dépité. “Ne pas aborder ce texte en commission ce lundi est un échec. J’ai porté ce projet depuis le début et je ne parviens pas, à quelques encablures, à franchir la ligne d’arrivée”, a ensuite amèrement regretté le ministre.

“Je saurai en tirer les conclusions le moment venu mais je considère que la priorité, en cette fin d’année, est de doter la Wallonie d’un budget”, a-t-il mystérieusement ajouté. Ce qu’il faut lire entre les lignes? “Rien de plus que son intervention en début de commission”, a assuré son cabinet. On n’en saura pas plus même si différents médias font état d’un problème interne au MR, les libéraux souhaitant obtenir un effort budgétaire plus large.

Jean-Luc Crucke a ensuite enchaîné avec la présentation du budget 2022 qui doit être débattu cette semaine au parlement régional. L’exercice devrait s’achever quelques jours avant la Noël, avec un vote du parlement en séance plénière.

Pour rappel, la Wallonie affiche un déficit ordinaire de 207 millions d’euros pour 2022, en ligne avec la trajectoire d’un retour à l’équilibre à la fin de la législature. Mais il faut toutefois y ajouter les dépenses liées à la crise sanitaire, aux inondations et au plan de relance. Au total, le solde brut à financer de la Région dépasse les 4 milliards d’euros (4,134 milliards précisément), les recettes étant annoncées à 15,5 milliards alors que les dépenses devraient atteindre 19,6 milliards.

Moody’s dégrade la note de la Wallonie

C’est dans ce contexte que l’agence de notation Moody’s a dégradé, vendredi, la note de la Wallonie, de A2 à A3, ce qui pourrait compliquer l’accès de la Région aux marchés financiers, a déjà prévenu la Cour des Comptes.

“Il y a un élément qui est important: c’est la perspective stable. Je ne veux pas être plus optimiste qu’il ne le faut mais on n’a pas eu de contact avec les marchés qui nous conduiraient à nous inquiéter. Il faut qu’on fasse ce qu’on a dit; il faut que l’on maitrise notre budget et qu’on maîtrise nos dépenses. Si on suit cette ligne, on crée de la confiance”, a de son côté rassuré le ministre ce lundi en commission.

Une dette insoutenable pour les générations futures

Sans surprise, la Cour a également pointé l’explosion de la dette brute consolidée qui pourrait dépasser les 45 milliards d’euros en 2026. Si elle continue à croître, “cette dette sera insoutenable pour les générations futures”, a à nouveau longuement dénoncé André Antoine, parlementaire cdH et ancien ministre du Budget wallon.

“Ce budget 2022 doit donner le ton et amorcer le virage de l’argent facile – car les taux étaient très bas – vers une politique financière responsable où l”on devra réconcilier dépenses et recettes face aux défis qui nous attendent”, a-t-il estimé en évoquant enfin “la décennie la plus difficile de l’histoire de la Wallonie”.

Après un examen dans les différentes commissions du parlement cette semaine, le budget 2022 de la Région devrait être voté en séance plénière quelques jours avant la Noël.

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