Jean-Luc Crucke, Ministre wallon des Finances (MR): “Plus de 90% de notre dette est à taux fixe”

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Le ministre se veut rassurant quant à la soutenabilité de la dette régionale malgré la dégradation de la note de la Wallonie par l’agence Moody’s.

1. L’agence Moody’s a dégradé la note de la Wallonie de A2 à A3. Est-ce l’amorce d’un scénario à la grecque?

Pas du tout, le problème grec est très différent. D’un jour à l’autre, on a compris que leurs comptes ne reflétaient pas la situation réelle des finances du pays. Il n’y avait plus de confiance. La Grèce a perdu 11 crans de notation de manière assez rapide. Quand il n’y a plus de confiance, il n’y a plus de prêteur. Il faut remettre cela dans un contexte plus global, et l’on voit alors que la situation de la Wallonie n’a rien à voir avec celle de la Grèce de 2010.

2. Quels sont les besoins de financement de la Wallonie en 2022?

Au budget 2022, les besoins de financement sont estimés à 5 milliards. Au vu de la perspective négative, les marchés ont déjà anticipé une dégradation de la note. Le plus grand risque sur le financement, c’est la politique de la Banque centrale européenne. Si les conditions de marché évoluent, le coût de financement devrait augmenter. Ce sont bien les conditions de marché qui influenceront le coût. La Cour des comptes a estimé l’impact financier d’une hausse d’intérêt de 1% sur la dette directe au 1er janvier 2022 à 19,5 millions d’euros l’an prochain et 60 millions l’année suivante.

Mais nous avons été prudents. Notre dette, c’est surtout une dette à taux fixe: 99% et 100% de taux fixe les deux dernières années et plus de 90% sur le stock.

3. La stratégie de maîtrise de la dette régionale prévoit un effort structurel de 150 millions par an. Où se portera concrètement cet effort en 2022?

Il faut comprendre l’effort de manière macroéconomique. Par rapport à la trajectoire de la dette, l’objectif est d’avoir un différentiel dépenses-recettes qui diminue de 150 millions, et ce de manière cumulative. Les 150 millions ont donc été traduits dans la différence entre le solde tel qu’il était projeté par la commission externe de la dette (-4.286 milliards) et le solde tel que fixé par le gouvernement (-4.134 milliards). Par contre, comme annoncé depuis la fin du conclave, il va maintenant falloir traduire structurellement ces améliorations dans le temps. Ces 150 millions sont clairement liés au travail “Budget base zéro”, qui se conclura en mars 2022. Il a donc été décidé de travailler sur ces 150 millions de façon structurelle lors de l’ajustement 2022. Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement à moins de bâtir sur du sable.

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