Mario Draghi (66 ans), n°1 de la BCE, défend sa politique controversée de sauvetage de l’euro, affirmant que la situation s’améliore.
Il y a six mois, le président de la Banque centrale européenne laissait entendre à Londres qu’il faisait “tout ce qui est nécessaire” pour sauver l’euro. Cela signifiait, en urgence, racheter les obligations publiques des pays balayés par la crise et prendre des risques se comptant en milliards. “La situation s’est considérablement améliorée dans la zone euro, précise aujourd’hui Mario Draghi. Voyez les derniers développements : des pays frappés par la crise comme l’Irlande et le Portugal sortent du plan de sauvetage, les primes de risque pour les pays touchés par la crise du crédit en Europe méridionale se réduisent et les investisseurs du monde entier retrouvent le chemin de l’Europe. Autrement dit, la plupart des indicateurs économico-financiers prennent la bonne direction.”
La crise de l’euro est-elle donc derrière nous ?
MARIO DRAGHI. Non, mais les craintes ressenties par certains ne se sont pas confirmées. De quoi n’avons-nous pas été accusés ? Lorsque nous avons offert aux banques européennes des liquidités supplémentaires il y a deux ans, on a dit qu’il y aurait une forte inflation. Rien n’est arrivé. Lorsque j’ai fait mon commentaire à Londres, on a parlé de violation du mandat de la banque centrale. Mais dès le début, nous avions clairement indiqué que nous agissions dans le cadre de notre mandat. On disait à chaque fois ‘Mon Dieu, cet Italien ruine l’Allemagne.’ Il régnait une anxiété perverse que les choses allaient mal tourner. Or, l’inverse s’est produit. L’inflation est basse et l’incertitude s’est réduite.
La crise économique en Europe menace toujours de faire exploser l’euro. La croissance est faible et le chômage dans le sud de l’Europe atteint des records.
La crise n’est pas vaincue, mais il y a de nombreux signes encourageants. L’économie se redresse dans de nombreux pays, les déséquilibres du commerce européen se résorbent et les déficits budgétaires dans l’Union monétaire sont en baisse. C’est plus que ce à quoi nous nous attendions il y a un an.
Mais le niveau d’endettement de nombreux pays de la zone euro continue à augmenter, et il y a moins de volonté de réforme. La Grèce, par exemple, va une nouvelle fois manquer ses objectifs. Le pays a-t-il besoin d’un autre plan ?
En Grèce, bien des choses se sont améliorées, mais le pays doit faire plus, il n’y a pas de doute là-dessus.
Propos recueillis par Der Spiegel
Retrouvez l’interview complète de Mario Draghi dans le magazine Trends-Tendances de cette semaine.