Investir dans des logements abordables et durables: priorité pour sauver le climat… et la construction

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le secteur souffre de la pénurie de main-d’oeuvre et de la hausse des prix. Ses acteurs demandent aux responsables politiques de penser à long terme.

Ce n’est pas le secteur qui souffre le plus du contexte actuel. Pas encore. Car les courbes récentes de la conjoncture de la construction (BNB) font apparaitre une incertitude croissante quant à l’évolution de la demande et des carnets de commande du secteur de la construction dans les mois à venir – en particulier dans le sous-secteur des bâtiments. “Bien que l’activité du secteur dans son ensemble semble se maintenir à un bon niveau au début de l’année 2022, un ralentissement est observé par rapport à 2021, souligne la commission consultative spéciale (CCS) du Conseil central de l’économie, qui s’est penchée sur le sujet. Cette situation résulte des différentes difficultés auxquelles le secteur de la construction est confronté : une pénurie de main-d’oeuvre toujours bien présente ; et des hausses des prix (énergie, matériaux, inflation provoquant une hausse de la masse salariale, …).”

“La baisse d’activité, un problème sociétal”

Comme partout, l’impact de la guerre en Ukraine et des tensions géopolitiques se fait sentir. “La baisse de l’activité dans le secteur de la construction représente un grand problème sociétal et environnemental, insistent les partenaires sociaux. C’est en effet maintenant qu’il faut investir dans la création de nouveaux logements abordables, durables et de qualité (dont des logements sociaux), dans l’isolation des bâtiments et dans des infrastructures durables (économes en énergie). Ces investissements impératifs permettront de tendre vers la réalisation des objectifs climatiques et énergétiques de long terme, de lutter contre la crise du logement, ainsi que de réduire la vulnérabilité des ménages et entreprises aux prochaines crises énergétiques et environnementales.”

Dans un contexte de tension climatique et de flambée inflationniste, ce secteur a un rôle important à jouer. Voilà le message.

“Un vision politique à long terme”

“Pourtant, dans la crise actuelle, les autorités publiques semblent se focaliser surtout sur des mesures de court terme et oublier les enjeux de long terme, regrettent les membres de la CCS. Bien que les mesures de court terme soient nécessaires pour protéger les ménages et les entreprises des hausses des coûts significatives, ces mesures ne seront pas efficaces ni soutenables sans une vision politique à long terme.”

Selon les partenaires sociaux du secteur de la construction, la politique énergétique dite de court terme – qui prend souvent la forme de subventions aux énergies fossiles – doit absolument être maintenue pour le moment, mais elle doit aller de pair avec une stratégie ambitieuse en matière de rénovation énergétique, de renouvellement du parc belge de bâtiments et en termes d’infrastructures publiques durables. “Dans ce cadre, la politique d’aide aux ménages via le tarif social et la maîtrise ciblée de la facture énergétique doit aller de pair avec des formes d’aide plus structurelles, comme par exemple la mise en place d’un paquet énergétique de base et de programmes innovants de tiers qui aident et encouragent les ménages, et en particulier les ménages précarisés, à investir dans des techniques d’isolation et d’économie d’énergie basées sur les énergies renouvelables plutôt que sur les énergies fossiles. De même, il importe d’augmenter massivement les investissements publics et privés dans la rénovation et la création de logements sociaux.”

En clair, une politique ambitieuse de rénovation de l’habitat permettra de réduire fortement les consommations d’énergie, notamment pour les logements les plus précaires qui sont souvent les plus mal isolés.

Pour y arriver, il est essentiel de disposer d’un vivier suffisant de main-d’oeuvre qualifiée. “Étant donné la pénurie de main-d’oeuvre persistante dans le secteur de la construction depuis des années, des mesures doivent être mises en place rapidement afin d’assurer une offre de travailleurs supplémentaires (salariés et entrepreneurs indépendants) dans le secteur de la construction. Ce n’est qu’à cette condition que l’on pourra répondre à la demande croissante attendue par le secteur suite aux mesures de relance et aux stratégies ambitieuses de rénovation du bâti. Des efforts supplémentaires devront de toute façon être déployés à cet effet en matière de formation, de recyclage et d’activation.”

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