ING, Caterpillar, Brussels Airlines… La Bérézina belge vue de France

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‘La Belgique, poids plume économique au tapis’: l’Agence France-Presse (AFP) estime ce lundi que la vague de licenciements qui frappe actuellement la Belgique illustre la vulnérabilité économique de notre pays, qui paie ses divisions internes et son manque de patriotisme.

La suppression de plus de 3.000 postes annoncée lundi par la banque néerlandaise ING dans sa filiale belge illustre la vulnérabilité économique de la Belgique, qui paie le prix de ses divisions et d’un manque de patriotisme face à la mondialisation.

Le mois qui s’achève a été catastrophique. D’abord avec le constructeur d’engins de chantier américain Caterpillar, qui révèle le 2 septembre son intention de fermer son unique usine belge, entraînant la suppression de 2.000 postes dans la région déjà sinistrée de Charleroi.

Trois jours plus tard, c’est Axa Belgique qui annonce la perte de 650 emplois d’ici 2018, suivi, le 15, par le fabriquant de café Douwe Egberts, qui rend public son intention de fermer son site de production dans la banlieue de Bruxelles.

Enfin, la semaine dernière, le groupe aérien allemand Lufthansa signale qu’il prend le contrôle total de Brussels Airlines, faisant craindre une disparition de l’ancrage belge de la compagnie, née sur les cendres de la Sabena après sa faillite en 2001.

Octobre s’annonce encore pire. Lundi, le néerlandais ING, qui avait repris en 1998 la grande banque belge BBL (Banque Bruxelles Lambert), a prévenu que 7.000 emplois seraient menacés dans les cinq prochaines années.

Et c’est la Belgique qui va payer le prix le plus fort: réduction d’environ 3.000 emplois – contre environ 2.300 aux Pays-Bas – et disparition de la moitié de ses 1.250 agences belges.

“En Belgique, avec les quartiers-généraux à l’étranger, vous ne pouvez jamais être sûr qu’un accord avec la direction apportera de la stabilité à long terme”, analysait lundi Jan Cornillie, conseiller économique au sein centre d’études du parti socialiste flamand SPA.

“Engager et licencier en Belgique, cela coûte cher, mais c’est facile à faire. Cela nous rend vulnérable”, a-t-il ajouté, interrogé par l’AFP.

Vieille Bérézina

Sous le choc, les syndicats d’ING ont appelé les salariés à rentrer chez eux lundi et à se mettre en grève vendredi. Leurs représentants seront reçus dans la journée par le Premier ministre Charles Michel.

Mais l’exemple des précédentes restructurations ne prête guère à l’optimisme.

Jamais les manifestations, grèves et autres déclarations fortes des responsables politiques, qui ont accompagné les fermetures d’ex-joyaux “belges” comme le sidérurgiste ArcelorMittal, les industriels de l’automobile Ford Genk, Opel Anvers, ou même Renault Vilvorde en 1997, n’ont fait revenir les actionnaires étrangers sur leurs décisions.

Pour l’économie belge, la Bérézina remonte à la fin des années 1980, lorsque le vénérable holding Société Générale de Belgique est passé sous pavillon français (Suez) après avoir été la cible d’une OPA hostile du condottiere italien Carlo De Benedetti, à laquelle les forces économiques et politiques locales n’avaient pas trouvé de parade nationale.

Electrabel (production d’électricité et de gaz) et Tractebel (ingénierie), les ancienne perles de la “Vieille dame” de l’économie belge – son surnom historique -, sont aujourd’hui de simples composantes du géant Engie.

Les supermarchés GB sont devenus des Carrefour et dans la restauration rapide les Quick se transformeront d’ici peu en Burger King. Le premier brasseur mondial, AB InBev, s’il a encore son siège en Belgique, est devenu un groupe multinational sous forte influence brésilienne.

Economie ouverte

La Belgique, avec ses 11 millions d’habitants et son économie très ouverte, n’a pas la même force de frappe que la France, qui peut compter sur le patriotisme de sa classe politique pour résister, avec des succès variables, aux conséquences des mutations industrielles.

Quant aux Pays-Bas, pays à la longue tradition marchande, ils conservent des groupes d’importance mondiale comme Heineken, Philipps, ING ou encore le distributeur Ahold, qui a racheté en 2015 Delhaize, autre enseigne historique de la distribution belge.

La Belgique est quant à elle divisée entre une Wallonie penchant à gauche et interventionniste – il faut “maintenir en Belgique les centres de décisions”, a lancé lundi la député sociale-démocrate Catherine Fonck -, et une Flandre plus libérale.

Le Premier ministre, le libéral francophone Charles Michel, n’a pu qu’appeler ING à “assumer ses responsabilités pour faire baisser le nombre” de licenciements secs via un “dialogue social le plus intense possible”.

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