Inflation négative ne rime pas forcément avec déflation

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Un taux d’inflation négatif ne signifie pas automatiquement que l’économie est en situation de déflation mais le risque est bien présent, dans un contexte de reprise précaire en zone euro, estime Philippe Ledent, économiste chez ING, après la publication par le SPF Economie des chiffres d’inflation de septembre (-0,12%) en Belgique.

“Un taux d’inflation négatif est une condition nécessaire de la déflation mais pas suffisante”, explique Philippe Ledent, contacté par l’agence Belga. L’économiste rappelle qu’entre mai et novembre 2008, l’inflation avait été négative, avec même un pic jusqu’à -1,7%, mais peu de voix s’étaient alors élevées pour crier à la déflation car l’inflation négative était due à un effondrement des prix pétroliers, le prix du baril tombant en quelques mois de 140 à 40 dollars. Actuellement, on constate que les prix de l’énergie exercent à nouveau une pression déflationniste mais s’y ajoute la contribution des prix alimentaires qui ont reculé dans leur ensemble d’1,1% sur un an.

“Les avis divergent quant à savoir si on se trouve dans une situation de déflation. J’estime que l’on n’y est pas encore vraiment mais on en est pas loin”, poursuit l’économiste, soulignant que sur les 300 produits et services servant au calcul de l’inflation, seulement “23% étaient effectivement en diminution en septembre”. A titre de comparaison, lorsque le Japon est tombé en 1997 dans une longue période de déflation, 60% des prix avaient diminué.

Plus fondamentalement, “on peut ergoter sur le fait que l’on est techniquement ou pas en déflation mais le fait est que l’on est dans une situation dangereuse, proche de la déflation, et que le moindre choc négatif supplémentaire peut nous y conduire”, juge encore M. Ledent.

La déflation est fondamentalement néfaste car elle pousse les consommateurs à penser que les prix vont baisser et dès lors à postposer leurs achats, ce qui affaiblit la demande et entretient en retour la baisse des prix. On se trouve alors dans un cercle vicieux de baisse généralisée des prix et des salaires.

Selon l’économiste d’ING, la Banque centrale européenne (BCE) a pleinement pris conscience cet été des risques planant sur la zone euro, dont la situation économique “précaire” est marquée par “un début de reprise fragile”. Outre des taux d’intérêt au plus bas, la BCE a prévu une série d’opérations dites “TLTRO” (prêts ciblés à long terme) visant à inciter les banques à prêter davantage aux entreprises et aux ménages. L’institution de Francfort a également annoncé vouloir procéder à partir d’octobre au rachat de titres de dette privée détenus par des banques. Autant de mesures censées soutenir l’inflation et chasser définitivement le spectre de la déflation.

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