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Inflation: l’ensemble de nos ennuis ont démarré bien avant l’invasion russe

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Je dis souvent à mes interlocuteurs que nous avons tous une mémoire de poisson rouge.

Si le poisson rouge arrive, sans cesse, à faire le tour du bocal sans s’ennuyer, c’est parce que son cerveau est tellement petit que le temps de faire le tour du bocal, il a déjà oublié qu’il l’avait fait auparavant. Remplacez le bocal par les médias sociaux et les 8 canaux numériques quotidiens par lesquels nos médias nous contactent chaque jour en moyenne et vous comprenez mieux pourquoi une info chasse l’autre et pourquoi nous n’avons pas le temps de l’ingurgiter qu’une autre surgit aussi tôt.

J’en parle de la sorte parce que j’entends souvent que la hausse de l’inflation serait due uniquement à la guerre en Ukraine et que pour arrêter la valse des étiquettes, il faudrait arrêter cette horrible guerre. En réalité, la hausse de l’inflation et l’ensemble de nos ennuis ont démarré avant l’invasion russe. Pour nous éviter l’effet poisson rouge, je reprends les faits un par un, comme l’a fait avant moi Marc Fiorentino dans sa lettre d’information financière. Il y a eu d’abord le covid, ce virus qui a provoqué un arrêt cardiaque de l’économie mondiale. Ensuite, les gouvernements et les banques centrales sont intervenus massivement en déversant des tonnes d’argent dans l’économie et baissant les taux d’intérêt encore plus. Puis, il y a la sortie du covid qui s’est traduite par une surchauffe économique, car tout le monde voulait sortir, voyager et consommer. Suite à ça, il y a des goulets d’étranglement, des pénuries aussi bien de matières premières que de main-d’oeuvre. C’est seulement après tout ceci qu’est arrivée l’Ukraine, avec une accélération de la hausse des prix, une explosion de l’inflation, avec encore plus de goulets d’étranglement, et donc encore plus de pénuries. Cette fois-ci, face à la hausse rapide et forte de l’inflation, les banques centrales ont toutes commencé à augmenter leurs taux d’intérêt rapidement et très fortement.

En un mot comme en cent, la situation actuelle – et encore je simplifie à outrance – est le résultat de la combinaison du rattrapage post-covid et de la guerre en Ukraine. C’est cette combinaison qui forme le cocktail explosif actuel. Là aussi, au risque de vous étonner, des tas d’économistes pensent que si l’Europe, via l’Allemagne, devait entrer en récession fin 2022 ou début 2023, ce ne serait pas une si mauvaise chose que cela. Vous allez vous dire que je suis tombé sur ma tête pour souhaiter une récession. Non, ce n’est pas mon souhait, bien sûr, mais selon ces experts, si cette récession est de courte durée, en clair moins d’un an, elle aura pour effet de diminuer la croissance, donc la demande de biens et services. Autrement dit, la récession devrait faire baisser automatiquement l’inflation. Et si l’inflation baisse, les banques centrales baisseront aussi les taux d’intérêt. C’est donc étonnant de le dire comme ça, mais la récession est aujourd’hui la meilleure manière de casser l’inflation. Vous vous en pensez quoi : folie complète ou juste lucidité ?

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