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Il faut s’attendre à un retour des gilets jaunes dans toute l’Europe et pas seulement en France

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

C’est le retour du télétravail et donc la mise en parenthèse de la fameuse machine à café. Mais le télétravail ne nous empêche pas de réfléchir et de penser à l’avenir.

C’est ce que nous ont proposé mes confrères du quotidien économique l’Echo. Ils ont eu la bonne idée d’interviewer un grand historien britannique qui donne cours à l’université de Harvard et qui conseille aussi de nombreux investisseurs boursiers à Wall Street. Niall Ferguson, puisque c’est de lui dont on parle, nous dit que le réchauffement climatique nous a rendus myopes. Bien entendu, il ne conteste pas ce réchauffement, il dit simplement que c’est un événement à long terme et lourd de conséquences, mais qui nous tétanise au point de ne pas voir les autres dangers qui sont à plus court terme comme une cyberguerre entre nations. Personne n’a pensé à ce qu’il faudrait faire, si demain, on se réveille sans internet, sans GSM ou sans lumière. Or, ce scénario d’une cyberguerre est très probable et ne fait l’objet d’aucun débat politique et économique.

De même, selon lui, on néglige les effets négatifs de la transition écologique. Pour Niall Ferguson, “on ne peut pas évoluer rapidement vers une économie alimentée par l’énergie solaire et éolienne. D’un point de vue technologique, ce n’est pas faisable”. Comme tant d’autres, cet historien économiste nous dit donc que le plan de verdissement de l’économie européenne – qui est un bon plan – va d’abord se traduire par une hausse des prix énergétiques. Le comble dit-il, c’est que pendant ce temps, les Chinois et les Indiens “vont continuer à brûler du charbon, avec comme résultat que, malgré le sacrifice européen, on ne sauvera pas la planète”. Selon Niall Ferguson, dans cet échec différé, l’Europe en paiera une part disproportionnée. Toujours selon cet historien, il faudra s’attendre à un retour des gilets jaunes dans toute l’Europe et pas seulement en France. Pas drôle à entendre tout ça, mais l’historien pense que cela prendra du temps. Il ne voit pas arriver cela en 2022 qui sera une année ennuyeuse selon lui.

Il n’a même pas peur d’une tentative de prise de contrôle de l’ile de Taiwan par les Chinois pour la simple raison que le congrès du parti communiste chinois aura lieu à l’automne 2022. En réalité, Niall Ferguson ne le dit pas dans cette interview, mais beaucoup d’économistes et d’experts pensent que les Etats-Unis ne défendront pas Taïwan malgré les coups du fil qu’ils recevront des gouvernements japonais et australien. Après tout, les Etats-Unis n’ont pas bougé lorsque la Chine a mis au pas Hong Kong. En fait, les Etats-Unis ne s’intéressent à Taïwan qu’à cause ou grâce à la société TSMC, le plus grand producteur de semi-conducteurs au monde. L’industrie automobile américaine, mais aussi d’autres secteurs technologiques clés dépend, en effet, des livraisons de semi-conducteurs de ce fabricant taïwanais. En d’autres mots, les Américains mettent les bouchées doubles pour se rendre indépendants de cette entreprise. Si les Chinois restent patients un peu de temps, ils pourront annexer Taïwan sans un seul coup de feu. C’est une thèse cynique, mais l’histoire et l’économie sont pleines d’exemples similaires. Voilà en tout cas de quoi alimenter votre machine à café virtuelle. Et surtout de grâce, gardez à l’esprit que les optimistes ont inventé l’avion et les pessimistes le parachute.

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