“Il faut cesser cette polarisation autour de Good Move”

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le représentant du patronat bruxellois, Olivier Willocx (CEO de BECI), défend la philosophie d’une ville plus habitable, avec moins de voitures. Tout en déplorant le manque de planification des politiques.

1. Vous avez exprimé un avis plutôt favorable au plan de mobilité bruxellois Good Move, pourtant fortement décrié. Pourquoi?

Le problème, c’est que l’on est contraint d’être “pour” ou “contre” Good Move. Cela n’a aucun sens et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je ne réponds plus aux interpellations sur les réseaux sociaux à ce sujet, parce que cela part tout de suite en vrille. Ce sujet mérite des nuances. La vision générale de Good Move qui vise à rendre la ville plus agréable à vivre, oui, elle est intelligente. Est-ce que pour autant, tous les aménagements qui y sont liés sont positifs? Non, bien sûr. C’est un débat qui a malheureusement été trop polarisé, notamment par la ministre de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen). Elle a opposé les gentils cyclistes aux méchants automobilistes. Or, nous devons veiller à une meilleure cohabitation. Je dis toujours aux automobilistes, qui sont de plus en plus frustrés par ce discours: un vélo en plus, c’est d’autant plus de place pour les voitures.

Olivier Willocx (CEO de BECI)
Olivier Willocx (CEO de BECI)© BELGAIMAGE

2. D’autres villes d’Europe, comme Bordeaux, ont montré le chemin d’une telle transformation après un début difficile: c’est la voie à suivre?

Il n’y a effectivement rien de nouveau dans cette évolution chaotique vers des villes plus harmonieuses: au contraire, à Bruxelles, nous sommes 15 années en retard! Cela dit, ce n’est pas parce que cela se fait de façon chaotique dans un premier temps que l’on est forcément sur la bonne voie. Chez nous, la multiplication des acteurs entre Région et communes ainsi que le manque de vision de nos politiques induisent des gestions désastreuses. A Schaerbeek, ils avaient complètement oublié la planification, ce qui a engendré des émeutes. Le risque, à mes yeux, c’est qu’à cause de cela, on jette le bébé avec l’eau du bain. Car on assiste aujourd’hui à une fronde dans laquelle se retrouvent les automobilistes bourgeois frustrés et les classes populaires dépitées parce que l’on touche à leur outil d’émancipation. L’alliance des deux est explosive.

3. Mais Good Move, est-ce une dynamique intéressante pour les entreprises?

Je vais l’exprimer à l’envers. Si Bruxelles croit qu’elle peut continuer à concurrencer les zonings wallons au niveau du prix du loyer et de l’accessibilité en voiture, elle se trompe. Cela signifie que l’on doit attirer d’autres types d’entreprises qui utilisent une main-d’oeuvre ne souhaitant plus se déplacer en voiture, c’est-à-dire les moins de 35 ans. En d’autres termes, c’est l’avenir! C’est le combat mené par San Francisco contre la Silicon Valley depuis 20 ans. Et cela fonctionne, à Bruxelles aussi: la KU Leuven investit massivement, AG est resté en ville, TotalEnergies s’installe au centre… On devrait valoriser ces réussites plutôt que d’opposer les gens.

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