Trends Tendances

Il est temps que nos logements deviennent, eux aussi, des zones de basses émissions

Ces dernières années, les villes d’Anvers, Gand et Bruxelles ont introduit les zones de basses émissions. Dès 2026, la Wallonie interdira les véhicules diesel construits avant 2009. Les mesures visant à améliorer la qualité de l’air se sont également multipliées ces dernières années, tant en Belgique qu’à l’étranger.

Et avec succès : à Anvers, la concentration des particules les plus nocives dans certaines zones a chuté de 20 %. Les zones de basses émissions doivent néanmoins s’inscrire dans un politique énergétique plus large, qui manque encore aujourd’hui. La Belgique abrite actuellement plus de deux millions de chaudières obsolètes. Nous bannissons à juste titre les vieilles voitures de nos centres-villes, mais nous chauffons nos logements avec une technologie qui est parfois encore plus ancienne. Et pourtant, la technologie qui nous permettrait d’atteindre les objectifs climatiques de 2030 et 2050 existe déjà.

Pas de bâtiment vert sans énergie verte

Près de quatre millions d’installations de chauffage ont été mises en service en Belgique, ces vingt dernières années. 45 % d’entre elles sont désormais dépassées. Les chaudières à gaz ou à mazout dépourvues de système de condensation émettent plus de CO2 et consomment plus d’énergie que nécessaire. Les appareils de chauffage à condensation permettent d’économiser jusqu’à 30 % d’énergie. Les initiatives visant à réduire les émissions sont nobles, mais insuffisantes. Les décideurs politiques ne pourront atteindre les objectifs climatiques que si nous envisageons l’énergie de manière holistique. Introduire des zones de basses émissions sans se préoccuper de la technologie de chauffage des ménages et des entreprises revient à poser un emplâtre sur une jambe de bois. En Allemagne, “Gebäudewende” rime avec “Energiewende”. Autrement dit, la transition énergétique est indissociable de la modernisation du parc immobilier. Cette théorie s’articule autour du principe du “Trias Energetica” :

1. Moins nous consommons d’énergie, mieux c’est

Les ménages et les entreprises doivent réduire autant que possible leurs besoins énergétiques. Les logements qui ont été construits avant la première crise énergétique de 1973 sont mal isolés, voire pas du tout. La norme flamande d’isolation des toitures stipule que tous les toits des maisons unifamiliales devront être isolés d’ici 2020, une étape nécessaire en vue d’un habitat durable. À terme, nous doterons nos habitations d’une isolation sans faille, de telle sorte que chaque kWh produit soit utilisé à son plein potentiel. L’optimisation de la technologie de chauffage n’a d’utilité que si la chaleur générée est maintenue à l’intérieur. Le mot d’ordre est donc : isolation !

2. Opter pour une énergie durable

Dans un avenir proche, les solutions durables constitueront plus que jamais une alternative essentielle aux combustibles fossiles. Tant pour la production d’eau chaude sanitaire que pour le chauffage, les pompes à chaleur joueront également un rôle de plus en plus important dans les ménages. Une transition s’impose, car pour l’instant, la Belgique est loin du compte en termes d’utilisation de l’énergie solaire et de la technologie des pompes à chaleur (par rapport à l’Allemagne, par exemple). Il y a également du pain sur la planche dans le domaine des logements locatifs. Les pouvoirs publics devraient pouvoir obliger les propriétaires à optimiser les performances énergétiques de leur bien en location. Les solutions énergétiques de demain sont durables.

3. Se chauffer efficacement avec des combustibles fossiles

À court terme, les combustibles fossiles se combineront aux énergies renouvelables. À l’image des voitures hybrides, il existe aujourd’hui aussi des solutions de chauffage hybrides. Lorsque les familles et les entreprises utilisent des combustibles fossiles, elles doivent le faire de la manière la plus économique possible et avec le meilleur rendement possible. C’est loin d’être le cas aujourd’hui. Les technologies de chauffage dépourvues de système de condensation restent les plus courantes dans les logements belges. Si nous voulons atteindre les objectifs climatiques, les choses doivent changer.

Les zones de basses émissions constituent un premier pas important dans le contexte d’une politique énergétique durable. Mais un parc immobilier bien isolé et chauffé au moyen d’une technologie durable l’est tout autant. La modernisation du parc automobile belge est bien plus avancée que la modernisation de nos systèmes de chauffage. Il est temps que nos logements deviennent, eux aussi, des zones de basses émissions. La technologie est là : elle n’attend plus que d’être exploitée.

Par Patrick O, CEO de Viessmann Belgium

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content