Handicap salarial: “Les salariés ont fait leur part du boulot”

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L’écart salarial entre la Belgique et ses voisins (Allemagne, France et Pays-Bas) va cesser de se creuser, selon un rapport à paraître du Conseil central de l’économie, rapporte lundi le quotidien Le Soir. Les réactions de la FEB et de la FGTB.

Fin 2016, l’écart sera négatif (-0,3%), ce qui signifie que les salaires en Belgique vont évoluer moins vite que la moyenne des trois grands pays voisins.

En 2015, année qui s’achève, l’écart sera encore de 1,5%, ce qui est exceptionnellement bas par rapport aux dernières années.

La FGTB, qui siège au Conseil central de l’économie, confirme ces chiffres et avance une proposition. “Avec les marges désormais disponibles, nous estimons que nous pouvons passer d’une semaine de travail de 38 heures à 36 voire 30 heures sans perte de salaire”, indique notamment le secrétaire général du syndicat socialiste, Marc Goblet.

“Il y a encore du chemin à faire

“La réduction de notre handicap des coûts salariaux constitue une bonne nouvelle dont les décideurs politiques actuels peuvent bien entendu se féliciter”, souligne la FEB dans un communiqué.

“Mais nous ne devons pas pour autant nous reposer sur nos lauriers. Nos entreprises dans l’industrie manufacturière, la construction ou le secteur de l’e-commerce sont confrontées chaque jour, dans la lutte concurrentielle mondiale, au fait que nos coûts salariaux seront toujours, fin 2015, 14,2% plus élevés que ceux de nos pays voisins les plus proches, si bien qu’il est difficile d’accroître ou de conserver des parts de marché, même au moyen de produits innovants de haute qualité et de processus de production hyper efficaces”, ajoute-t-elle.

Pour la fédération patronale, afin d’éliminer durablement tout handicap salarial en Belgique, il conviendra de réformer la loi actuelle de “sauvegarde” de la compétitivité pour en faire “une véritable loi de “rétablissement structurel” de la compétitivité”.

“Elle devra prévoir explicitement que le rétablissement structurel de la compétitivité est et demeure la priorité numéro 1, que les réductions de charges accordées dans le cadre du tax shift ne peuvent être utilisées pour financer des hausses salariales supplémentaires, que pour l’évolution attendue des coûts salariaux dans les pays voisins, il faut utiliser des hypothèses aussi prudentes que possible pour éviter de nouveaux dérapages et que les corrections éventuelles “doivent” plutôt que “peuvent” (dans la loi actuelle) être appliquées”.

A rebours de la position défendue par la FGTB, la FEB estime que l’évolution constatée par le Conseil central de l’économie ne doit pas mener à une réduction du temps de travail.

“Cela n’est certainement pas la chose à faire car cela reviendrait à de nouveau augmenter notre handicap salarial par rapport à nos voisins”, estime-t-elle. “Moins travailler pour le même salaire signifie en effet une augmentation importante du coût du travail pour les employeurs.”

Il incombe aux entreprises de “prendre leurs responsabilités”

Le syndicat socialiste FGTB a rejeté l’appel patronal à des efforts complémentaires pour renforcer la compétitivité des entreprises belges après la publication d’un rapport du Conseil central de l’économie sur l’évolution du handicap salarial.

“Le rapport technique explique clairement qu’au cours des dernières années, les travailleurs salariés ont fait leur part du boulot. Ils ont fait d’énormes efforts. Aujourd’hui, les effets économiques deviennent clairs: la confiance des consommateurs est en baisse et le principal pilier de notre économie, la demande intérieure, s’affaiblit. La Commission européenne a récemment indiqué qu’en 2016, la croissance de la consommation intérieure se réduira de moitié”, souligne le syndicat dans un communiqué.

Face à cette situation inquiétante, poursuit la FGTB, il incombe aux entreprises qui ont profité d’un saut d’index, d’une diminution de leurs cotisations sociales et d’une plus grande flexibilité du travail de “prendre leurs responsabilités” pour investir, innover, embaucher et former des travailleurs en vue d’une croissance durable.

Pour le syndicat, les entreprises du pays ne peuvent en effet se contenter à présent “d’encaisser le chèque en blanc qu’elles ont reçu du gouvernement en augmentant les bonus et dividendes”.

“Le gouvernement a promis des emplois: +jobs, jobs, jobs+. A ce jour, pour les salariés, il n’en est rien”, juge la FGTB qui rappelle sa revendication pour une “réduction collective du temps de travail avec maintien du salaire, embauches compensatoires”, ce qui, selon elle, reste un des moyens les plus sûrs de créer des emplois de “qualité et durables”.

Enfin, l’argument de la FEB selon qui il faut considérer le coût salarial historique, et non pas l’évolution, ne tient “pas debout”, selon le syndicat. “Le niveau plus élevé de nos salaires se justifie par le niveau plus élevé de notre productivité. Le salaire payé à un travailleur dépend principalement de ce que ce travailleur rapporte à l’entreprise. Le Bureau du Plan a chiffré ce qu’il faut en termes de coût salarial pour produire une plus-value d’un euro. C’est ce qu’on appelle le coût salarial par unité produite. En Belgique, ce chiffre est de 0,64 euro contre 0,66 euro dans les pays voisins… Autrement dit, l’écart de productivité positif de l’industrie belge annule complètement l’écart en termes de coût salarial horaire avec nos pays voisins”, conclut-il.

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