Haiyan aura un impact limité pour l’économie des Philippines

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Le bilan humain du typhon Haiyan, qui a dévasté des régions côtières du centre des Philippines, est terriblement élevé mais les analystes estiment que son impact sur l’économie du pays, l’une des plus dynamiques d’Asie, sera limité.

Stimulée par une série de réformes et par la lutte contre la corruption, l’économie de l’archipel philippin, la 40ème mondiale selon le Fonds monétaire international (2012), est en phase d’expansion rapide depuis cinq ans. Le pays était à la fête depuis quelques mois après son accession à la catégorie “investissement” auprès des trois grandes agences de notation, Moody’s, Fitch et S&P, fruit d’une croissance soutenue et pérenne, de la stabilité politique et d’une gestion publique plus vertueuse mise en place par le président Benigno Aquino depuis son élection en 2010.

Le taux de croissance de son produit intérieur brut (PIB) atteignait 7,6% au premier semestre 2013 et le gouvernement escomptait une croissance comprise entre 6 et 7% pour l’ensemble de l’année, après 6,6% en 2012. Mais le typhon qui s’est abattu le 8 novembre sur les îles de Leyte et de Samar, faisant au moins 4.000 morts et 4,4 millions de déplacés, va l’obliger à reprendre ses calculs.

L’Organisation international du travail (OIT) évalue à cinq millions, l’équivalent de la population norvégienne, le nombre de travailleurs ayant perdu leur moyen de subsistance de façon provisoire ou permanente. Des spécialistes de la modélisation du risque comme AIR Worldwide ont chiffré le coût économique du typhon à entre 6,5 milliards et 15 milliards de dollars (5 et 11 milliards d’euros). Un impact significatif, donc, mais inférieur à ce à quoi on pouvait s’attendre avec une tempête de cette intensité, et qui s’explique notamment par sa trajectoire.

Haiyan a en effet traversé des régions parmi les plus pauvres du pays, dont la pêche, la culture du riz et de la noix de coco constituent les principaux secteurs productifs, épargnant les grandes zones d’activité industrielle. “L’aire affectée représente une proportion relativement modeste du PIB ce qui fait que l’impact général sur le PIB devrait être mineur et gérable”, avance le Crédit Suisse dans un rapport contestant certains prévisions amputant le PIB d’un point de pourcentage pour 2013. “Les exportations de produits agricoles vont être touchées mais elles sont une fraction assez minime des exportations totales”, ajoute ce rapport.

Certains ont exprimé leur crainte d’un rebond de l’inflation corrélé à la hausse des cours du riz mais selon le consensus des économistes, cette hausse sera éphémère, surtout si les riziculteurs parviennent à reconstituer leurs réserves de plants pour les semailles de décembre/janvier.
La banque centrale philippine a en outre laissé entendre qu’elle pourrait recourir au levier monétaire si la pression inflationniste persistait, tout en maintenant ses prévisions de croissance pour l’exercice courant.

Quelques économistes suggèrent même que Haiyan pourrait in fine bénéficier aux régions sinistrées, et à tout le pays, si des investissements y étaient réalisés dans les secteurs porteurs de croissance. Le Crédit Suisse estime ainsi que l’effort de reconstruction dopera le PIB en 2014.

Par ailleurs l’argent des travailleurs migrants envoyés aux Philippines équivaut à 10% du PIB. Or ces flux ont tendance à fortement augmenter, de l’ordre de 15%, après les catastrophes naturelles. Danilo Israel, chercheur au Philippine Institute for Developmental Studies, met cependant en garde contre la sous-estimation des “pertes intangibles” induites par ce genre d’événements. “La perte de vies humaines, la perte de biodiversité, la destruction de sites patrimoniaux, la perte de relations: il est difficile de mettre un prix sur ces conséquences intangibles qui pèsent parfois d’un énorme poids sur la croissance économique”, prévient-il.

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