Guerre commerciale: les multiples fronts ouverts par les Etats-Unis

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Les Etats-Unis vont appliquer vendredi d’importantes taxes douanières sur l’acier et l’aluminium importés de l’Union européenne, du Mexique et du Canada

Chine, Union européenne, Mexique et Canada, Japon … Quels sont les fronts ouverts par la Maison Blanche?

Chine

Principal pays dans le collimateur de Washington, la Chine s’est déjà vue imposer unilatéralement des taxes de 25% sur ses exportations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium par les Etats-Unis.

Les Américains menacent aussi les Chinois de taxes de 25% sur 50 milliards de dollars de marchandises “contenant des technologies importantes”, pour compenser ce que la Maison Blanche considère comme du vol de propriété intellectuelle.

L’administration Trump souhaite réduire de 200 milliards de dollars son déficit commercial vis-à-vis de Pékin, actuellement de 375 milliards de dollars. Elle souhaite par ailleurs restreindre les investissements chinois aux Etats-Unis.

La stratégie de Washington a cependant été marquée par plusieurs revirements. La Maison Blanche a ainsi annoncé le 19 mai une trève avec Pékin… avant d’assurer mardi qu’elle préparait toujours des mesures punitives.

Confronté à ces menaces, Pékin a protesté, tout en s’efforçant de calmer le jeu avec des baisses de droits de douane sur les automobiles importées, puis sur les vêtements, cosmétiques et appareils électroménages.

Union européenne

L’UE avait bénéficié le 23 mars d’une exemption temporaire permettant à ses membres d’échapper aux taxes sur l’acier et sur l’aluminium décidées par les Etats-Unis.

Mais Washington a décidé jeudi de mettre fin à ce sursis, estimant les discussions commerciales engagées avec Bruxelles infructueuses.

L’UE, qui réclamait une exemption permanente, a promis de prendre des mesures de rétorsion. “L’Union européenne ne peut pas rester sans réagir”, a jugé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker.

Des contre-mesures devraient ainsi être prises sur des produits américains emblématiques, comme les jeans ou le bourbon, visant à compenser à hauteur de 2,8 milliards d’euros les dommages générés par les taxes américaines. Le conflit devrait en outre être porté devant l’Organisation mondiale du commerce.

Au-delà des métaux, Bruxelles s’inquiète des taxes envisagées par Washington sur les voitures importées. Ces taxes, qui pourraient aller jusqu’à 25%, seraient un coup dur pour des pays exportateurs comme l’Allemagne.

Mexique et Canada

Comme les Européens, Canadiens et Mexicains ont vu jeudi l’exemption de taxes dont ils bénéficiaient depuis fin mars levée par les Etats-Unis.

Washington, Mexico et Ottawa travaillent depuis août dernier à la modernisation de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), en vigueur depuis 1994 et critiqué avec virulence par Donald Trump.

Mais ces discussions “prennent plus de temps qu’espéré”, a jugé jeudi le secrétaire au Commerce américain Wilbur Ross, pour justifier l’ajout de deux pays voisins des Etats-Unis “à la liste de ceux qui vont payer des tarifs”.

Au coeur des discussions: l’automobile. L’administration Trump souhaite que les voitures fabriquées au Mexique ou au Canada soient largement composées de pièces usinées aux Etats-Unis.

Elle réclame également une clause dite “crépusculaire” (“sunset clause”) qui forcerait les parties à renégocier l’Alena tous les cinq ans, une proposition rejetée avec force par ses partenaires.

Suite à l’annonce de Washington sur l’acier et l’aluminium, Mexico a décidé jeudi d’imposer des taxes douanières équivalentes “sur divers produits” importés des Etats-Unis, dont certains aciers, des fruits et des fromages.

Russie

Touchée elle aussi par la hausse des taxes sur l’acier, la Russie a informé l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qu’elle était prête à prendre des mesures de représailles contre les Etats-Unis. Moscou estime le préjudice de ces taxes à 538 millions de dollars.

Les relations commerciales entre les deux pays sont marquées, au-delà de ce conflit, par les sanctions imposées par Washington contre plusieurs personnalités et entitées, accusées de participer aux “attaques” de Moscou contre “les démocraties occidentales”.

Iran

Washington a annoncé début mai son retrait de l’accord nucléaire iranien signé sous Barack Obama, et décidé de rétablir ses sanctions à l’égard de Téhéran ainsi que de toutes les entreprises ayant des liens avec la République islamique.

Les Américains ont donné à ces dernières une période de 90 à 180 jours pour se retirer d’Iran. Le premier train de rétablissement de sanctions, fixé au 6 août, concernera l’automobile et l’aéronautique civile. Suivront le 4 novembre l’énergie et la finance.

Le groupe français Total a annoncé qu’il abandonnerait un grand projet gazier entamé en juillet 2017 en Iran, à moins d’obtenir une dérogation de la part des autorités américaines,

Japon

Touché depuis mars par les taxes sur l’acier, le Japon a informé l’OMC de sa volonté d’instaurer, en représailles, des taxes sur des marchandises américaines à hauteur de 50 milliards de yens (385 millions d’euros).

Pour le pays, le principal sujet d’inquiétude concerne toutefois les taxes sur les importations automobiles. De telles mesures “provoqueraient de sérieuses turbulences sur les marchés internationaux”, a jugé jeudi Tokyo dans un communiqué commun avec Bruxelles.

Corée du Sud

La Maison Blanche a annoncé le 1er mai avoir finalisé son traité de libre-échange avec Séoul, mettant un terme au conflit commercial l’opposant à la Corée du Sud.

En vertu de cet accord, Séoul accepte d’ouvrir davantage son marché automobile aux constructeurs américains. Il a par ailleurs accepté de réduire de 30% ses exportations d’acier vers les Etats-Unis.

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