Grèce : “Papandreou doit s’attendre à une montée de la contestation sociale”

© Reuters

Le Premier ministre grec ne va ni démissionner, ni former un gouvernement d’unité nationale. Pour George Sefertzis, politologue grec, la rue ne baissera pas les armes tant que le gouvernement ne sera pas tombé. Interview.

Finalement il n’y aura pas de gouvernement d’union nationale en Grèce. Geroges Papandreou, le Premier ministre, se contente d’un remaniement. L’opposition doit être déçue…

Elle l’est d’autant plus que Papandreou a commis l’erreur de donner l’impression qu’il allait démissionner, pendant toute la journée. Or il va simplement remanier son gouvernement et le soumettre à un vote de confiance au Parlement. Il avait pourtant commencé à négocier avec l’opposition mais elle posait deux conditions qu’il a jugées inacceptables: qu’un nouveau Premier ministre soit nommé et que le nouveau gouvernement puisse renégocier l’accord sur le sauvetage financier. L’opposition réclame notamment de baisser les impôts sur les sociétés et les particuliers. Ce que Papandréou refuse d’envisager compte tenu du déficit.

Arrivera-t-il quand même à faire voter son programme d’économies, condition sine qua non pour recevoir la dernière tranche du plan de sauvetage?

Un député socialiste a fait défection mardi, et un autre a annoncé qu’il se prononcerait contre… Papandreou devrait malgré tout pouvoir faire passer le budget, grâce à quelques voix de l’extrême-droite et du centre. En revanche, il doit s’attendre à une montée de la contestation sociale car l’opinion publique espérait vraiment un nouveau gouvernement. Même si en réalité l’opposition conservatrice risque de ne pas avoir grand-chose de mieux à offrir, les Grecs auraient voulu un nouveau départ.

L’opinion publique soutient-elle ce mouvement des “indignés”?

Une partie de la population, les “réalistes”, sont résignés et ne voient pas d’autre solution que l’austérité. Il s’agit des cadres et professionnels bien insérés dans le marché du travail. Mais une grande partie de la classe moyenne ne veut plus subir de sacrifices sans voir les résultats. Parmi eux la grande majorité a moins de 35 ans mais on trouve aussi beaucoup de personnes âgées. Les “indignés” manifestent contre la classe politique dans son ensemble. Ils accusent le système politique d’être responsable pour la situation économique. A cela s’ajoute un sentiment d’humiliation nationale, liée notamment à l’impression qu’avec le programme de privatisation les bijoux de familles sont à vendre aux étrangers.

Que demandent-ils?

Ils veulent la hausse des salaires et la baisse de l’âge de la retraite mais aussi une plus forte taxation des riches. Ils refusent que ce soit aux salariés de supporter l’effort de restauration des finances publiques.

A quoi peuvent conduire ces mouvements sociaux s’ils se renforcent?

Ils n’empêcheront pas la mise en place des mesures de rigueur. En revanche, ils précipiteront sans doute la tenue d’élections anticipées. Et alors le parti au pouvoir tombera, comme au Portugal et en Irlande.

Par Laura Raim

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