Geert Noels: “A côté de la norme salariale, une norme sur le ratio emplois privés/ emplois publics”

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

L’économiste suggère que la Belgique mette en place une règle pour évaluer le nombre de créations d’emplois privés, indispensables pour maintenir le système viable. “Nous avons besoin d’autodiscipline!”. Entretien.

L’économiste Geert Noels, CEO d’Econopolis, propose la création d’une nouvelle norme à côté de la norme salariale. Il s’en explique pour Trends Tendances.

Vous proposez une norme pour calculer le ratio emplois privés/ emplois publics, en plus de la norme salariale. Pourquoi?

C’est une réflexion qui m’est venue alors que je faisais du vélo ce week-end. Je ne suis pas forcément un supporter ardent de ces normes comme la norme salariale, mais il faut constater que cela nous a permis de garder une certaine discipline dans les hausses salariales par rapport aux pays voisins. Même si une certaine souplesse est nécessaire pour payer les talents.

Ces vingt dernières années, on a salué les créations d’emplois, mais sans nécessairement évaluer d’où elles venaient. Or, il y a eu de nombreux emplois publics ou semi-publics, subventionnés, ce qui n’est pas la même chose que des emplois privés. D’où cette idée d’une norme calculant le rapport entre les deux.

Parce que les emplois publics dépendant de l’argent public et que cela ne finance pas de la même manière le système social?

Exactement. Dans une économie de marché, tôt ou tard, la compétitivité joue son rôle et on prend un risque en dépendant trop du secteur public ou des subsides.

Le fait de décider d’une norme établissant ce ratio entre emplois privés et emplois publics, en le comparant aux pays voisins, nous imposerait une certaine discipline. Cela vaudrait pour le fédéral, mais aussi pour les Régions et les pouvoirs locaux.

On sait que ce rapport est problématique en Wallonie…

Oui et le souci, c’est qu’il n’y a pas vraiment de réflexion stratégique à ce sujet. Pourtant, on risque d’arriver à un moment où ce n’est guère soutenable. Sans cette autodiscipline, on risque de se voir imposer, à terme, des règles par la Commission européenne, voire par le FMI.

Dans un pays comme la Belgique, nous avons besoin de discipline pour prendre les mesures qui s’imposent à temps.

La question se pose de la même manière en France. Le président, Emmanuel Macron, essaie de redynamiser l’économie en ce sens, mais depuis 2007-2008, cela a décroché, notamment par rapport à l’Allemagne. Nous sommes de plus en plus proches de la France, de moins en moins des Pays-Bas ou de l’Allemagne.

C’est le cas en Flandre aussi?

Vous savez combien je peux être critique à l’égard de la Flandre, qui s’inspire de plus en plus de la Wallonie. Le gouvernement actuel reprend lui aussi ce rôle de créer des emplois via ses propres structures publiques. C’est tout sauf positif.

Nous avons besoin de balises pour ne pas déraper, comme c’est le cas pour les banques ou les entrepreprises. L’autodiscipline peut être une vertu, certainement en Belgique où nous avons des problèmes avec la discipline. Il suffit de vois notre dette ou notre déficit…

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