Fawaz Al Bitar (Edora): “Il est crucial de pouvoir installer de plus grandes éoliennes”
Le directeur de la Fédération des énergies renouvelables salue le nouveau cadre éolien wallon. Il invite toutefois à la prudence quant à l’obligation d’impliquer communes et citoyens dans tous les projets.
1. Le gouvernement wallon s’est accordé sur une nouvelle Pax Eolienica. Cela va-t-il booster l’éolien?
Nous l’espérons en tout cas. Le gouvernement relève l’objectif de production éolienne de 4.600 à 6.200 GWh en 2030. La part de l’éolien dans le mix énergétique wallon pourrait ainsi doubler, c’est un message très significatif. Il était aussi absolument nécessaire de revoir le cadre pour qu’on puisse installer les meilleures technologies possibles en Wallonie, c’est-à-dire des éoliennes de plus grande taille. Le critère de distance par rapport aux zones d’habitat était lié à la taille de l’éolienne – quatre fois la hauteur – et cela devenait très difficile, vu l’habitat morcelé, d’installer des éoliennes de plus de 150 m. Or, aujourd’hui, ce sont surtout des éoliennes de 200 m qui se vendent en Europe.
2. Cela ne va-t-il pas intensifier les recours des riverains contre les projets éoliens?
La Pax Eolienica prévoit une distance de 500 m, plus la moitié de la hauteur du mât. Cela signifie concrètement qu’on ne se rapproche pas des habitations mais que, à distance équivalente, on pourra installer des éoliennes de plus grande taille. Les normes de bruit, les critères paysagers subsistent et, par ailleurs, le gabarit des machines a évolué. Une éolienne de 200 m aujourd’hui paraît moins trapue qu’une éolienne de 150 m en 2010.
Il faut savoir que plus on monte en altitude, plus on capte un vent de qualité et plus le productible s’améliore. Une éolienne de 180 m, c’est 30% de productible en plus qu’une éolienne de 50 m. Et si on monte à 200 m, c’est 50% de plus. L’enjeu est donc crucial pour le développement de l’éolien en Wallonie.
3. Le projet prévoit l’obligation d’ouvrir les projets éoliens à une participation des communes et des citoyens. Cela peut-il contribuer à lever les réticences des riverains?
Impliquer les communes et les citoyens dans le développement des projets est certainement une bonne chose. Il faut toutefois rester prudent. Si on veut impliquer des gens, il faut le faire dès le départ. Or, la plupart des projets éoliens font l’objet de recours et sont parfois bloqués plusieurs années au Conseil d’Etat. Une étude d’incidence coûte 100.000 euros ; si le projet est cassé, l’argent est perdu. On a déjà vu des cas très malheureux de ce type. Une entreprise intègre le risque dans son business plan. Pour une commune ou des citoyens, c’est plus délicat. C’est le bémol que je vois dans une intention louable – je le répète – et qui va renforcer l’acceptabilité des projets.
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