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Faut-il vraiment indemniser les non assurés des inondations ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Le débat sur ” l’argent magique ” vient de démarrer en Wallonie. Pourquoi ? Mais parce que ce gouvernement a décidé d’indemniser les non-assurés à la suite des inondations meurtrières de la mi-juillet.

On parle de 2000 à 4000 personnes sinistrées sans assurance inondation. Les politiques à l’origine de cette proposition ont évoqué une indemnisation maximale équivalent au prix d’une maison ouvrière, soit un montant tournant autour de 100 à 140.000 euros maximums.

Les politiques à l’origine de cette proposition nous disent également qu’il faut être prudent et ne pas donner l’impression que nous donnons le signal de ne pas se faire assurer. J’ai envie de leur dire que c’est trop tard, la grenade est dégoupillée, et la question aujourd’hui est de savoir si ce signal à l’égard de la population est un bon signal. L’économiste Etienne de Callatay s’est exprimé auprès de mes confrères du magazine Le Vif, et il estime que tout ceci c’est du populisme. Parce que, dit-il, “il n’y a pas de raison que l’on décourage les personnes de s’assurer en démontrant qu’en cas de grosse crise, tout le monde sera assuré, que l’on soit assuré ou pas, mal assuré ou pas du tout”. Il ajoute même qu’à part les personnes vraiment dans le besoin, il n’y a pas de raison de soutenir des personnes qui ne se sont pas assurées par négligence ou par choix. En fait, je parlais d’argent magique en début de chronique, car avec le covid-19, les citoyens se sont habitués à voir des milliards d’euros tomber du ciel. Avant le covid-19, les différents gouvernements nous répétaient qu’il n’y avait pas d’argent dans les caisses de l’Etat. Et là, comme par enchantement, l’argent coule à flots pour soutenir les uns et les autres.

En France, cette politique s’appelle, “le quoiqu’il en coûte”. Sous-entendu, peu importe le prix à payer, l’Etat interviendra “quoiqu’il en coûte” pour combler les lacunes des uns et des autres. Le seul souci, très gros souci, c’est que cette politique du quoiqu’il en coûte relève de la pensée magique. Or, il n’y a pas d’argent magique.

Le gouvernement wallon a d’ailleurs reconnu que pour financer la crise du Covid-19, les inondations et maintenant les non-assurés, la Région wallonne va emprunter et faire exploser la dette publique. Mieux encore, alors que la Flandre a décidé d’arrêter les mesures de soutien aux entreprises, dans le sud du pays on se pose encore la question de savoir si on va arrêter les aides corona ou pas.

C’est étonnant cette hésitation, elle semble accréditer la thèse que nous serions plus riches que nos compatriotes flamands, ce qui relève aussi de la pensée magique, car l’argent magique n’existe pas. Quand un politique vous dit qu’il va vous indemniser, il oublie juste de dire qu’il n’a pas d’argent en poche et qu’il va en réalité endetter la collectivité. En clair, la dette, c’est juste de l’impôt différé dans le temps. En d’autres mots, la dette, c’est aussi une manière discrète de refiler à la génération suivante la charge de nos dépenses d’aujourd’hui.

Donc, gardez bien à l’esprit que magie et économie ne font pas bon ménage. Au foot, on a l’habitude de dire qu’à la fin ce sont toujours les Allemands qui gagnent. Pour la dette publique, c’est toujours la classe moyenne qui perd.

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