Eva De Bleeker est parfaitement dans son rôle de garante des finances publiques

Eva De Bleeker, secrétaire d'Etat au Budget.
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Tout le monde tombe à bras raccourcis sur la secrétaire d’Etat au Budget Eva De Bleeker (open VLD). Elle aurait commis “une erreur matérielle”, en transmettant à la Commission européenne des documents indiquant un déficit 2023 de 6,1% du PIB, quand les textes déposés au Parlement fédéral reposent, eux, sur un déficit de 5,8%. La différence pèse quand même 1,3 milliard d’euros.

Cette différence provient de la prolongation du taux de TVA réduit (6%) sur l’électricité. Elle est officiellement décidée jusqu’à la fin du premier trimestre 2023 et pourrait, si les prix de l’énergie restent élevés, être maintenue toute l’année. Dans les documents transmis à la Commission, la secrétaire d’Etat a anticipé cette extension sur douze mois. L’accord politique prévoyait qu’une telle extension devrait être neutralisée budgétairement par une hausse des accises. Comme il n’y a actuellement aucun texte gouvernemental précisant les modalités de cette réforme des accises, Eva De Bleeker a prudemment choisi de ne pas intégrer cet élément pour l’heure toujours hypothétique. Et c’est de là que viennent les différences de 1,3 milliard pour 2023 et 1,7 milliard pour 2024.

La secrétaire d’Etat au Budget a en quelque couché sur papier le worst case scenario, avec des prix de l’énergie qui resteraient élevés en 2023 et une coalition qui ne parviendrait pas à s’entendre sur la hausse des accises. Elle est ainsi parfaitement dans son rôle de garante des finances publiques. Alors, certes, cela propulse la Belgique vers le peu glorieux titre de plus gros déficit de l’Union européenne (en incluant le déficit des entités fédérées) et cela risque de générer de cinglantes remarques, voire des sanctions, de la part de la Commission. Mais à tout prendre, on préfère les chiffres-vérités d’Eva De Bleeker à des entourloupes budgétaires ou à, par exemple, cette fâcheuse habitude de gonfler les recettes attendues de la lutte contre la fraude fiscale et sociale pour embellir les budgets.

Et si d’aventure, grâce à ce choix du worst case scenario, elle devait venir avec de bonnes nouvelles au contrôle budgétaire de printemps, personne ne s’en plaindra.

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