Euro, négo ou chaos : les 3 scénarios des élections grecques

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Nouvelle aide de l’Europe, renégociation du plan de rigueur ou chaos sur les marchés ? Analyse des conséquences possibles du vote grec de ce dimanche. Où l’on voit qu’il faut davantage craindre le statu quo qu’une victoire claire de l’un ou l’autre camp.

“Etre ou ne pas être dans la zone euro ?” C’est la question à laquelle les grecs devront répondre dimanche, selon l’ex-premier ministre grec, Lucas Papademos. La Grèce retourne en effet aux urnes pour tenter de départager la Nouvelle Démocratie, qui a commencé à mettre en place le programme de la Troïka, et la gauche radicale, qui veut sortir la Grèce de l’emprise de ses créanciers. Le résultat des élections grecques, qui pourrait se traduire dans le pire des cas par une explosion de la zone euro, sera guetté dans toute l’Europe mais aussi aux Etats-Unis et en Asie.


Les grandes banques centrales se tiennent déjà prêtes à intervenir en cas de coup de tabac sur les marchés. Les conséquences de ce scrutin crucial seront également soupesées au sommet du G20 qui réunira, lundi et mardi, les pays riches et émergents à Los Cabos, au sud-ouest du Mexique. Tous les dirigeants européens, et le président américain Barack Obama ont mis en garde les neuf millions d’électeurs grecs sur les conséquences de leur vote pour eux-mêmes et la zone euro. Mais personne ne sait quel sera le résultat du vote. Les sondages ne parviennent pas à donner de tendance claire. L’Expansion passe donc en revue les trois scénarios possibles.


Scénario 1 : la nouvelle démocratie l’emporte mais il faut renflouer la Grèce


C’est le scénario espéré par les dirigeants européens. Sa probabilité est incertaine. Des sondages non autorisés donnent une avance minime à Antonis Samaras, 61 ans, patron conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) sur Alexis Tsipras, 37 ans, chef du Syriza. La victoire des conservateurs aurait un immense avantage. Elle règlerait – pour l’instant en tous cas – la question de la sortie de la Grèce de la zone euro. Le parti s’est en effet engagé à poursuivre la voie tracée par la Troïka. Cependant,la Nouvelle Démocratie réclame une renégociation du programme de rigueur dicté par l’UE et le FMI en échange du deuxième prêt de 130 milliards d’euros concédé en février, pour tenir compte de la dégradation de l’économie et du manque de rentrées fiscales.


En d’autres termes, si la Nouvelle Démocratie l’emporte, la Grèce réclamera plus de temps pour réduire ses déficits et un peu plus d’argent frais versé pour assurer le fonctionnement de l’état. Ce troisième plan d’aide, déjà évoqué par M. Papademos ne serait pas aussi important que les précédents. Mais il faudra faire vite : les caisses de l’Etat grec devraient être vides dès la mi-juillet, selon une information filtrée par les médias grecs à l’issue d’une réunion récente entre le ministre des Finances intérimaire Georges Zannias et M. Tsipras.


Scénario 2 : la gauche l’emporte, les marchés trinquent


Ce scénario mettrait sans doute les dirigeants européens dans l’embarras et les marchés en émoi. Le chef de la gauche radicale grecque Syriza, Alexis Tsipras, au coude à coude avec la droite avant les législatives de dimanche, a promis mardi d’accomplir une “révolution paisible” en cas de victoire et d’encourager dans cette voie les Européens souffrant de l’austérité. Plus concrètement, M. Tsipras souhaite annuler l’accord passé entre la Grèce, le FMI et l’Europe. Il souhaite aussi annuler deux mesures d’austérité importantes : la baisse du salaire minimum et les programme de privatisation. Mais en dépit de ce programme anti Troïka, Mr Tsipras souhaite que la Grèce reste dans l’euro. En cas de victoire, le leader de la gauche se donne dix jours pour mener “une véritable et dure” renégociation avec l’UE, qui doit tenir un sommet crucial les 28 et 29 juin à Bruxelles.


Mais de leur côté, les milieux politiques et financiers européens craignent qu’avec Tsipras, la Grèce n’honore pas son engagement à poursuivre les réformes et le redressement de l’économie, en contrepartie d’un plan de sauvetage. Fait rarissime, l’édition allemande du Financial Times a appelé vendredi dans un double éditorial de Une, rédigé en grec et en allemand, à “résister à la démagogie d’Alexis Tsipras”, leader de la gauche radicale. “C’est seulement avec les partis qui acceptent les conditions des bailleurs de fonds internationaux que votre pays pourra garder l’euro”, avertit le journal.


Scénario 3 : personne ne l’emporte vraiment… et le chaos s’installe


L’impossibilité de constituer un gouvernement après le scrutin -comme au lendemain du 6 mai- signerait sans doute le divorce avec les créanciers européens du pays et précipiterait un peu plus l’Europe dans la crise. En Grèce, les taux d’intérêt à long terme repartiraient à la hausse, et les fuites de capitaux repartiraient de plus belle acculant une fois de plus le pays à la faillite. L’Espagne et l’Italie seraient elles aussi contaminées par la crise financière, ce qui ranimerait sans doute le spectre d’implosion de la zone euro.


Pour la Grèce, il y aurait deux cas de figure : soit l’Europe lâche le pays et lui demande de sortir de l’union monétaire, en espérant que les banques centrales puissent éteindre l’incendie sur les marchés. Soit un compromis est trouvé pour maintenir la Grèce dans la zone euro sans la payer (les économistes ont déjà évoqué plusieurs pistes à ce sujet). Mais dans tous les cas, la BCE et les gouvernements auront sans doute du mal à calmer les inquiétudes des investisseurs.


C’est pourquoi les hommes politiques grecs veulent à tout prix éviter ce scénario de blocage. Le chef de la gauche radicale a insisté sur le fait que le prochain scrutin devait cette fois-ci aboutir à la désignation d’un exécutif stable. Mr Samaras dit la même chose : “nous ferons tout pour qu’il y ait un gouvernement” au lendemain des élections, a-t-il insisté. Mais l’échec des négociations des élections précédentes est encore dans toutes les têtes.


Trends.be, avec L’Expansion.com

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