Etats-Unis: la vague trumpiste n’a pas eu lieu

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Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les républicains pourraient remporter la Chambre d’un cheveu, mais n’obtiennent pas le triomphe annoncé. Le Sénat, très disputé, pourrait rester démocrate. Plusieurs candidats du mouvement porté par l’ancien président Donald Trump échouent. Un pays déchiré.

La vague rouge n’a pas eu lieu aux Etats-Unis et le Make America Great Again voit son image ternie, à l’issue des élections de Midterms. Le pari de l’ancien président Donald Trump, qui devrait faire une “grande annonce” le 15 novembre, semble avoir perdu son pari, tant bon nombre de ses candidats ont échoué à se faire élire.

Il n’y a pas eu de tsunami, pas même de vague rouge (républicaine)”, confirme Jean-Eric Branaa, chercheur en sciences politiques et spécialiste de la civilisation américaine. “Les démocrates ont fait plus que “résister” et ont notamment pu renforcer leurs positions dans le New Hampshire et le Colorado.”

Joe Biden a été bien inspiré de lancer une campagne “anti-Trump” (insistant sur les dangers qui guettent la démocratie), complète Jean-Eric Branaa. C’est effectivement les trumpistes qui sont les principales victimes de ce scrutin : Tuxor Dixon, Geoff Dielh, Joe Mastriano, Kari Lake, Blake Masters,…”

Selon les dernières projections, la Chambre des représentants pourrait rebasculer dans le camp républicain, mais à un siège près: 218 contre 217. Sans garantie à ce stade.. Quant au Sénat, il reste très divisé, mais les Républicains ont déjà perdu un siège important en Pennsylvanie: le démocrate John Fetterman y a battu le trumpiste Mehmet Oz. Les démocrates peuvent espérer en garder le contrôle.

“Un résultat vraiment décevant pour les républicains, analyse Mathieu Gallard, directeur général d’Ipsos. Ils devraient reconquérir la Chambre des Représentants mais ils le feront de très peu et c’était attendu; au Sénat, où résidait le vrai enjeu, ils semblent en bonne voie pour échouer à obtenir une majorité. A la Chambre, les démocrates ne vont perdre au pire qu’une quinzaine de sièges : on est loin des déroutes Obama 2010 (-64 élus), Clinton 1994 (-54) ou même de la défaite de Trump en 2018 (-42). Ça va ressembler aux midterms de 1978 : -15 sièges pour les démocrates de Carter.”

Trump “démonétisé”

Le pays est déchiré. Si Donald Trump a déjà prononcé très tôt un discours de victoire, il est démenti par les faits. Bon nombre de candidats républicains ont d’ailleurs exprimé leur déception. Quant aux démocrates, ils se félicitent d’un résultat moins négatif espéré, qui pourrait être le meilleur jamais obtenu par un président démocrate en cours de mandat.

Joe Biden pourra-t-il conserver une capacité d’action pour les deux dernières anées de son mandat? C’est tout l’enjeu. De même que l’unité du pays sera à préserver: le camp de Donald Trump a déjà exprimé ses réserves au sujet du processus électoral et menacé de multiplier les recours.

“Un homme sort grand gagnant du scrutin chez les républicains, analyse encore Jean-Eric Branaa. Ron de Santis s’est imposé avec une réélection sans bavure et en imposant un “ordre républicain” en Floride. Il est lancé pour 2024.” Et le spécialiste des Etats-Unis de s’avancer: “Trump est démonétisé et sa “grande annonce” du 15 novembre fera pschitt. 2024 sera l’élection du changement de génération.”

Qu’est-ce que ça veut dire pour 2024? En théorie rien, tempère Mathieu Gallard. Obama comme Clinton ont été réélus en 2012 et 1996 après leurs raclées aux midterms de 2010 et 1994, Carter a été battu en 1980 après une vaguelette républicaine en 1978. Il va néanmoins falloir que les républicains réfléchissent à ces résultats en vue de 2024, Trump s’avérant une formidable machine à mobiliser pour lui la base conservatrice, mais aussi et encore plus à mobiliser contre lui l’électorat de gauche.”

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