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“Eriger la solidarité en intérêt commun nous aidera à surmonter cette crise” (carte blanche)

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, revient sur un autre défi sur lequel il va falloir lutter : le réchauffement de notre planète. Il appelle dans cette carte blanche, les chefs d’Etat à proposer des plans nationaux plus ambitieux et des stratégies à long terme conformes à l’objectif énoncé dans l’accord de Paris.

A l’aube de 2021, les défis sont manifestes: la lutte contre la pandémie occupera toute l’année, et la crise climatique occupera toute la décennie. Il faut amorcer dès maintenant une reprise durable fondée sur le bon sens. Beaucoup ont placé leurs espoirs dans le vaccin. Notre planète en surchauffe a aussi besoin d’un vaccin. Les cinq années qui ont suivi l’accord de Paris, signé en 2015, ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Les concentrations de gaz à effet de serre en 2021 atteindront des sommets inédits depuis des millions d’années. A l’approche de la prochaine conférence des Nations unies pour le climat, en novembre 2021, j’appelle instamment les chefs d’Etat à proposer des plans nationaux plus ambitieux ainsi que des stratégies à long terme conformes à l’objectif énoncé dans l’accord de Paris: limiter la hausse moyenne des températures à 1,5 °C. Tous les pays, et notamment les membres du G20, doivent s’engager à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Toutes les entreprises, les banques et les métropoles doivent élaborer une feuille de route et des indicateurs de référence pour mettre en oeuvre leur transition écologique.

Beaucoup ont placé leurs espoirs dans le vaccin. Notre planète en surchauffe a aussi besoin d’un vaccin.

Les innovations technologiques et les données économiques jouent en notre faveur. Une économie verte crée des emplois. La reprise qui succédera à la pandémie est l’occasion de réinventer notre avenir. Elle doit aussi faire progresser l’égalité entre les sexes: aucune autre initiative ne saura mieux préparer nos sociétés à demain. Des capitaux considérables sont déployés pour relancer les économies, et l’affectation de ces fonds est un sujet vital pour les personnes comme pour la planète. La lutte contre le Covid-19 et la reprise nécessitent aussi de faire taire les armes et de défendre les droits fondamentaux. La fureur du virus met en évidence la folie de la guerre. Un pic de haine et de désinformation a accentué les dangers. C’est pour cette raison que j’ai appelé à un cessez-le-feu mondial.

La coopération internationale sera cruciale. Le monde a aujourd’hui besoin de repenser la gouvernance mondiale et de placer l’Onu en son centre. Face à l’anarchie dans le cyberespace, à l’érosion des traités sur le contrôle des armes, à la hausse des inégalités, au recul des droits fondamentaux et au commerce mondial organisé au détriment des pauvres, nous n’arrivons plus à suivre. Nul besoin de créer de nouvelles bureaucraties. Mais il est nécessaire d’instaurer un multilatéralisme qui mette en réseau les institutions régionales et mondiales. Nous avons aussi besoin d’un multilatéralisme ouvert, réunissant les entreprises, les villes, les universités, ainsi que les mouvements qui luttent pour l’égalité des personnes, le climat et la justice raciale.

Ma proposition de nouveau contrat social insiste sur la dimension nationale, avec des investissements dans la cohésion sociale, et une nouvelle génération de protections sociales et de politiques permettant de tenir face aux chocs économiques et environnementaux. La scolarisation et le numérique sont deux accélérateurs qui doivent aussi contribuer à l’égalité.

Ma proposition de nouveau pacte mondial vise à partager avec le plus grand nombre le pouvoir, les richesses et les chances de s’en sortir. Une mondialisation équitable, un commerce libre et équitable, et le bien-être des générations futures sont les fondements de ce nouveau modèle de gouvernance mondiale. Nous sommes face à deux épreuves critiques – le Covid-19 et le changement climatique – aggravées par une troisième: un contexte de fragilité et de fragmentation. Eriger la solidarité en intérêt commun nous aidera à surmonter cette crise et à en sortir plus forts, collectivement.

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