Engie écrit à De Croo pour sortir du nucléaire, les libéraux appellent à des négociations

Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Les patrons d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration, et Catherine Mac Gregor, directrice générale, ont écrit au Premier ministre. Mais le bras de fer entre écologistes et libéraux se poursuit.

Voilà une contribution de plus, attendue, au débat tendu sur la sortie du nucléaire au sein de la Vivaldi. Les patrons d’Engie, Jean-Pierre Clamadieu, président du conseil d’administration, et Catherine Mac Gregor, directrice générale, viennent d’écrire un courrier au Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), dont Le Soir a pu prendre connaissance. L’entreprise française confirme ce qu’elle exprimait déjà : il est trop tard pour prolonger deux centrales et ce n’est pas dans son intérêt stratégique.

La ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten, (Groen), demande une fermeture des sept derniers réacteurs à partir de 2025, rapport à la clé. Les écologistes francophones appuient, de même que les socialistes. Les libéraux expriment au contraire des inquiétudes au sujet de la sécurité d’approvisionnement. Ils désormais rejoint par le CD&V.

Les négociations entrent dans leur dernière ligne droite.

Engie: “Plus d’autre option que la sortie”

“Nous suivons avec beaucoup d’attention le débat actuellement engagé sur l’évolution du système énergétique belge dont Engie est un acteur essentiel, entament Jean-Pierre Clamadieu et Catherine Mac Gregor. Il nous paraît utile de préciser notre position.”

La voici : “Comme nous l’avons rappelé de manière constante ces dernières années, la prolongation de 2 tranches de Doel 4 et Tihange 3 ne peut s’imaginer que dans le cadre d’un projet conduisant à une extension de durée de vie de 10 à 20 ans. Un tel projet nécessite un délai d’exécution que nous estimons à 5 ans en prenant en compte les études d’ingénierie et de sûreté, le dialogue avec les autorités, les processus législatifs et réglementaires et la réalisation même de l’investissement. Notre expérience de projets similaires nous a convaincus que ce délai est difficilement compressible. Dans ces conditions, il nous paraît impossible d’assurer le prolongement de l’activité de ces 2 tranches en 2025.”

En clair, du point de vue de la stratégie industrielle, il n’est pas dans l’intérêt d’Engie de poursuivre l’expérience nucléaire en Belgique. Ou alors, ils mettent ma pression sur ceux qui plaident en ce sens. “Certains évoquent la possibilité d’une extension de courte durée dont la préparation pourrait être beaucoup plus rapide, écrivent-ils. Une telle décision n’aurait pas de précédent, et il n’existe pas aujourd’hui de cadre réglementaire ni technique pour la réaliser. Au total et dans ce contexte Engie considère qu’il n’y a plus d’autre option que d’engager le déclassement progressif des tranches nucléaires que nous exploitons.

Engie exprime par ailleurs sa volonté de “contribuer à la transition énergétique de la Belgique” avec le renouvelable. Et s’inquiète “des difficultés rencontrées pour obtenir le permis régional environnemental de la centrale de Vilvorde”.

Bras de fer Ecolo – MR (suite)

“Le Plan B(ouchez) est impossible, constate le vice-Premier ministre Ecolo, Georges Gilkinet. C’était connu de longue date et c’est confirmé par Engie. Concentrons-nous à présent sur le Plan A, brillamment préparé par Tinne Van der Straeten, et qui prépare un Avenir énergétique durable et renouvelable pour la Belgique.”

Risposte de Georges-Louis Bouchez, président du MR: “Donc, Ecolo fait le choix du gaz et des émissions de CO2 ainsi que de l’insécurité d’approvisionnement. Tout ça pour défendre les intérêts d’une multinationale française. Prolonger le nucléaire est possible, cela demande juste de modifier la cadre législatif. Ce que nous ferons!”

Marghem: “Une grande hypocrisie”

“La réponse était attendue mais ne change rien au fond du dossier, Pierre Pirson, président de la CNC (Confédération nationale des cadres), qui défend les intérêts des travailleurs des centrales nucléaires. Cela ne fait que poser une question intéressante. Sur la prolongation des centrales, préférez-vous croire les actionnaires et leurs représentants (qui ont des intérets financiers dans le gaz) ou les gens qui ont le know-how et s’occupent des outils. Si il est possible techniquement de prolonger ne peut venir que des gens qui le font, le reste c’est de la politique et de la stratégie. Si Engie ne veut pas le faire, il existe d’autres opérateurs , dont certains sont déjà actionnaires des centrales, pour le faire.

Marie-Christine Marghem (MR), ancienne ministre fédérale de l’Energie, acquiesce : “Tous ces messages entre le gouvernement et Engie sont emprunts d’une grande hypocrisie qui ne laisse pas de m’étonner de la part d’une grande entreprise comme celle-là. A moins qu’elle n’ait plus le moindre projet industriel et ne devienne qu’une boîte financière. Ceci est d’autant plus surprenant et faux que quand j’ai demandé à Engie, mandatée par mon gouvernement, de prolonger Doel 1 et 2, l’entreprise s’y refusait. Nous avons travaillé pour l’approvisionnement du pays en prolongeant ces deux réacteurs et avons réussi en moins de deux ans. Le gouvernement doit, sous son contrôle, mandater la ministre pour négocier avec Engie. On sait qu’il y a un éléphant dans la pièce et que notre sécurité d’approvisionnement n’est pas garantie (le deuxième nouvelle centrale gaz faut l’objet d’un recours ), la prolongation de deux centrales nucléaires au moins est incontournable pour le bien-être de notre pays, de ses entreprises et de sa population. Nous sommes tous concernés!”

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