Energie verte en Belgique : oui… mais quand ?

© Montage Belga/PG

Personne ne met en doute le fait que l’énergie verte soit l’avenir. Mais les chiffres ne laissent planer aucun doute : tous ces coûteux investissements ne représentent encore rien ou pas grand-chose en ordre de grandeur.

Nous avons donc besoin d’une plus grande capacité de production. Pourtant, en 2003, le gouvernement Verhofstadt, inspiré par les partis verts, a décidé de fermer toutes les centrales nucléaires entre 2015 et 2025. Les considérations tactiques – créer une arme de négociation pour contraindre Electrabel à faire des concessions – étaient peut-être sensées mais au lieu d’attirer de la capacité supplémentaire, les électriciens ont précisément décidé le contraire. De la capacité de production disparaît sans qu’il y ait un solide plan B en réserve.

Selon certains politiciens, il existe bel et bien un plan B, à savoir le développement des énergies alternatives : le solaire et l’éolien. Ces dernières années, on a ouvert les vannes des subsides et avidement procédé à l’inauguration de parcs éoliens. Personne ne met en doute le fait que l’énergie verte soit l’avenir. Mais les chiffres ne laissent planer aucun doute : tous ces coûteux investissements ne représentent encore rien ou pas grand-chose en ordre de grandeur. Selon les derniers chiffres officiels du SPF Economie, ils ne génèrent que 1,8 % de la capacité totale de production. Même les plus optimistes doivent admettre que les nouvelles sources d’énergie ne sont pas à même, à court terme, d’assumer le rôle des centrales nucléaires qui produisent 35,5 % de notre électricité (voir infographie ci-dessous).

Le gros problème n’est pas seulement la faible production générée par les nouvelles sources d’énergie. Le climat détermine quand il y a du vent ou que le soleil brille. La production des éoliennes n’est pas stable et donc trop peu fiable pour le consommateur qui a besoin d’électricité à des moments bien déterminés. Cette situation met le réseau en difficulté car il requiert une fourniture continue. Ce manque de fiabilité impose aux fournisseurs d’énergies nouvelles d’avoir un solide back-up. Ce back-up peut être assuré par des centrales à biomasse mais actuellement, l’essentiel vient de centrales de type ancien qui fonctionnent au charbon et au gaz. Selon certains experts, les cellules solaires sont la technologie de demain. Mais cette technologie, qui avec les modèles actuellement à l’étude, atteint un degré d’efficacité de 30 %, a encore un long chemin à parcourir. La plupart des panneaux qui sont actuellement sur le marché réalisent à peine la moitié de ce pourcentage.

De plus, l’éolien et le solaire ne peuvent percer au niveau mondial que si l’on parvient à commercialiser des solutions abordables pour stocker l’énergie et l’amener au réseau de façon contrôlée. Des systèmes de stockage à base de sel liquide ou de supercapaciteurs existent déjà mais ne sont pas encore suffisamment au point. Ils exigent surtout des investissements très importants qui, aux prix actuels de l’électricité, ne peuvent pas encore être récupérés.

D’abord le charbon, ensuite le solaire ?

Indépendamment de ses parcs éoliens, la Belgique a rapidement besoin d’une nouvelle capacité de production. Les options les plus réalistes sont de nouvelles centrales au gaz ou au charbon. Sans le parcours du combattant que représente l’obtention des autorisations, elles pourraient être opérationnelles dans un délai de deux à cinq ans. Il est encourageant de constater que grâce aux innovations technologiques, la génération actuelle de centrales au charbon est beaucoup plus efficace et plus écologique que les générations antérieures. Le CO2 que ces centrales produisent peut être capté de sorte que les objectifs climatiques de Kyoto restent réalisables. De plus, les centrales au charbon fournissent de l’énergie à meilleur compte que les centrales au gaz. Toutefois, le choix entre des centrales au gaz ou au charbon n’est pas seulement un problème d’efficacité ou de coût des installations.

Il y a suffisamment de réserves de gaz et de charbon pour permettre une exploitation pendant plusieurs décennies encore mais le gaz présente l’inconvénient de se trouver en grande partie dans le sous-sol russe. Les réserves de gaz d’Europe occidentale s’assèchent de sorte que le rôle de la Russie devient de plus en plus prédominant. On peut s’attendre à voir les prix du gaz augmenter.

William D’Haeseleer, expert en énergie de la KU Leuven, part du principe que notre approvisionnement futur en énergie consistera en un mix. Pour lui, l’énergie nucléaire doit encore en faire partie. Ici et là s’élèvent même déjà des voix prudentes en faveur de la construction d’une nouvelle centrale nucléaire. Politiquement parlant, l’idée est pratiquement invendable mais d’un point de vue économique, ce ne serait pas une option tellement folle. L’énergie nucléaire peut produire des volumes importants, elle ne génère pas de CO2 et relativement peu de déchets. Les prix de l’électricité en Belgique figurent déjà parmi les plus élevés d’Europe, malgré la présence d’électricité bon marché provenant des centrales nucléaires vouées à la disparition. Les inconvénients ? La construction d’une installation de ce type coûte terriblement cher et en Belgique, l’implantation d’une seule nouvelle centrale durerait plus de 20 ans.

An Goovaerts et Luc Huysmans

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