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Energie : “la crise russo-ukrainienne n’est pas la cause de nos malheurs”

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Une bonne partie de la crise actuelle a été fabriquée durant les années 2010 et 2015. Le Covid-19 nous a permis de ne pas nous en rendre compte pendant deux ans.

Le philosophe Karl Popper était l’une des personnes les plus exigeantes qui soi. Je me souviens d’un livre de Guy Sorman sur “les plus grands penseurs de notre temps” et dans lequel l’auteur avouait être épuisé après une rencontre avec Karl Popper, car ce dernier reprenait chacune de ces questions, soit pour la reformuler, soit pour l’évacuer pour cause d’ineptie. Autant dire qu’après l’entretien Guy Sorman était épuisé intellectuellement. Si aujourd’hui Karl Popper était vivant, il nous dirait que tous ces commentaires sur l’Ukraine et la hausse du prix du gaz sont mal posés.

En réalité, même si Karl Popper n’est plus là, d’autres spécialistes de l’énergie s’évertuent à nous faire comprendre que si nous parlons aujourd’hui de pouvoir d’achat, ce n’est pas à cause de la guerre en Ukraine, mais en raison de l’imprévoyance de nos dirigeants politiques. Oui, bien sûr la guerre en Ukraine, et l’embargo décidé par l’Europe sur les hydrocarbures russes a accéléré le mouvement de hausse. Mais comme l’écrit Loïk Le Floch-Prigent, l’ancien dirigeant de Elf Aquitaine et Gaz de France “ce sont bien nos décisions qui conduisent aujourd’hui à nos difficultés. La crise russo-ukrainienne n’est pas la cause de nos malheurs, elle n’en est que le révélateur”.

Ce qu’il veut dire par là, c’est que l’offre de gaz et de pétrole est en baisse depuis 2015. En effet, à l’époque, les gaz et pétroles de schistes américains avaient déjà envahi le marché mondial et le cours des hydrocarbures s’était effondré. Le résultat, comme l’explique l’expert Philippe Charlez près de mes confrères de Atlantico-.fr, c’est que les investissements dans les nouveaux champs pétroliers et gaziers n’étaient plus rentables et ont donc été drastiquement réduits. Comme le précise encore Philippe Charlez, cette baisse de l’offre a été renforcée par la pression des ONG environnementalistes sur les banques pour qu’elles cessent de prêter aux compagnies pétrolières et donc cette crise de l’offre, que nous avons donc voulu sans nous en rendre compte a simplement été accélérée par le conflit en Ukraine.

Autrement dit, une bonne partie de la crise actuelle a été fabriquée durant les années 2010 et 2015. Le Covid-19 nous a juste permis de ne pas nous en rendre compte pendant deux ans. Onpeut se plaindre de cette cécité de nos politiques ou au contraire se féliciter, se dire que maintenant ils vont mieux comprendre les messages des experts et les écouter enfin.

Un seul exemple : la fin de moteurs thermiques en Europe est prévue pour 2035. Qui est contre ce principe ? Personne, tout le monde veut rouler propre. Mais voilà, si tout le monde roule en électrique, comment fera-t-on à une échéance aussi courte pour fournir toute cette électricité ? Comme dirait ce jeune vidéaste inculte et un peu escroc sur les bords : “la question est vite répondue”.

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