Crise oblige, les distributeurs d’énergie voient leurs recettes diminuer et se retrouvent ainsi avec un solde négatif de “coûts non gérables”, prévient Test-Achats. Le consommateur serait donc “aimablement invité” à mettre la main à la poche. Bref, il paierait deux fois (au moins) pour la crise : pour les effets de la crise proprement dite, “mais aussi pour couvrir les pertes des distributeurs”.
Après le montant porté en compte par le fournisseur d’énergie en personne, c’est le coût de la distribution qui pèse le plus lourd sur la facture, continue Test-Achats : “Depuis quelques années, ce coût s’inscrit à la hausse, ce qui représente pour le consommateur une augmentation de plusieurs dizaines d’euros. Cette partie de la facture, qui n’est pas libéralisée et est donc régulée, doit être gardée à l’oeil par les autorités compétentes.”
L’organisation de défense des consommateurs pointe ainsi le risque d’une hausse des coûts, “parfois à la suite de certains effets pervers”. La crise économique est l’un des facteurs qui influencent les coûts de la distribution. Sous l’effet de cette crise, la consommation d’énergie s’est réduite. C’est ainsi que l’an dernier, la consommation mondiale a diminué pour la première fois depuis 1982.
“Bien entendu, ces chiffres en baisse ne font pas l’affaire des distributeurs : ils voient leurs recettes diminuer et se retrouvent ainsi avec un solde négatif de coûts non gérables, prolonge Test-Achats. Leurs coûts ne sont donc pas suffisamment couverts, ce qui fait que le consommateur est aimablement invité à mettre la main à la poche. Cela pourrait signifier que ce dernier sera amené à payer deux fois (au moins) pour la crise : pour les effets de la crise proprement dite, mais aussi pour couvrir les pertes des distributeurs.”
Pour Test-Achats, il est possible d’épargner jusqu’à 500 euros sur la facture de gaz en changeant de fournisseur
Chaque année, Test-Achats calcule le coût annuel d’une consommation moyenne – 3.500 kWh d’électricité (dont 1.900 kWh en heures creuses) et 23.260 kWh de gaz – auprès de tous les fournisseurs actifs en Belgique. Les montants sont ensuite comparés à l’aide d’indices.
Conclusion de l’organisation de consommateurs : les montants comptabilisés peuvent varier considérablement. “Si l’on considère le tarif standard, le consommateur client chez Electrabel paiera 100 euros de plus que chez le fournisseur le meilleur marché. Et les formules les plus onéreuses sont encore 80 euros plus chères.”
C’est toutefois en recherchant un nouveau fournisseur de gaz que le consommateur pourra réaliser la plus grande économie : “Chez le fournisseur le moins cher, il est en effet possible d’épargner 200 euros par rapport au fournisseur standard, voire jusqu’à 500 euros en comparaison avec le tarif le plus élevé.”
Le choix entre un tarif fixe ou variable revêt aussi une grande importance, précise Test-Achats : “Pour l’électricité, ce sont les formules garantissant un prix fixe pendant trois ans qui apparaissent comme les plus avantageuses. Le client est ainsi couvert contre les fluctuations de prix relatives à la fraction énergétique de sa facture. Pour le gaz, en revanche, il est préférable de privilégier le tarif variable. Actuellement, il est en moyenne inférieur de 40 % au tarif fixe.”
Libéralisation : “Il n’est pas exagéré de parler d’un échec !”
C’est en 2007 que le marché de l’énergie a été libéralisé, rappelle Test-Achats. Le but de l’opération était d’accroître la concurrence et de faire baisser les prix. La situation trois ans plus tard ? “Ces deux objectifs n’ont pas été atteints. Le bilan est peut-être avantageux chez certains fournisseurs, mais à Bruxelles et en Wallonie par exemple, pratiquement tout le monde paie son électricité plus cher que si le marché n’avait pas été libéralisé. Il n’est donc pas exagéré de parler d’un échec.”
Test-Achats demande dès lors qu’on réexamine les règles et qu’on y apporte les améliorations nécessaires pour permettre au marché de fonctionner véritablement. Et ce, à tous les niveaux, donc y compris en ce qui concerne la production d’électricité.
Conseil de Test-Achats : évitez les contrats d’énergie proposés au porte-à-porte
Certains fournisseurs d’énergie utilisent la pratique du porte-à-porte pour faire souscrire de nouveaux contrats aux consommateurs, conclut Test-Achats, qui ne s’y dit “pas favorable” : “Le consommateur doit décider trop rapidement et ne peut prendre le temps de comparer l’offre du fournisseur qu’il a devant lui à celles de ses concurrents.” Les demandes d’explications au vendeur, en outre, “ne fournissent trop souvent que des réponses lacunaires. Sa rémunération dépend en effet du nombre de contrats souscrits, ce qui se fait au détriment de l’objectivité.”
Tout récemment encore, Test- Achats indique avoir reçu les doléances d’un ex-vendeur en porte-à-porte se plaignant de ces pratiques. “Un exemple : lorsqu’un client signe un contrat auprès d’un tel vendeur, il dispose de 14 jours pour le résilier. En principe, le vendeur doit le signaler systématiquement. Mais étant donné que cela risque de porter préjudice à sa propre commission, il est rare que ce dernier respecte cette obligation.”
Conclusion de Test-Achats : le consommateur ne devrait pas souscrive de contrat auprès d’un démarcheur frappant à sa porte. “D’autant qu’il apparaît que, lorsqu’on recherche les contrats les plus intéressants, les fournisseurs obtenant systématiquement les meilleurs scores n’utilisent jamais cette formule pour proposer leurs contrats aux clients.”
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