“En bon père de famille”, le gouvernement a décidé de reporter l’entrée en Bourse de Belfius, une banque détenue à 100% par l’Etat belge. “Le temps n’est pas encore venu et les garanties ne sont pas réunies”, a commenté le Premier ministre Charles Michel à l’issue d’un conseil des ministres restreint.
Cette décision a bien été réfléchie et a été prise en collaboration avec la Société fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI) – le bras armé financier de l’Etat, ndlr -, a précisé Charles Michel.
Selon ce dernier, le gouvernement continuera à évaluer régulièrement la situation, en concertation avec le management de la banque et la SFPI.
Dans ce cadre, l’évolution du marché financier sera particulièrement scrutée alors que depuis le début de l’année, la valeur des actions des banques européennes a chuté de 12% d’après l’Eurostoxx Bank index, en raison notamment de la faiblesse persistante des taux de la Banque centrale européenne (BCE) et de certains facteurs de volatilité, dont les tensions avec les Etats-Unis, le Brexit, la situation politique en Italie ou encore la dévaluation de la livre turque. Les actions bancaires belges, elles, ont perdu 15%.
Fin août, les journaux L’Echo et de Tijd avaient rapporté que les turbulences enregistrées sur les marchés financiers avaient réduit la valeur de Belfius de 10 à 15% en quelques mois, un rapport des banques d’affaires accompagnant son entrée en Bourse lui attribuant désormais une valeur de 5 à 7 milliards d’euros, contre 6 à 8 milliards en avril.
Quelques semaines plus tôt, le gouvernement s’était accordé pour mettre en Bourse 30% du capital de Belfius, une IPO couplée, politiquement, à une indemnisation des coopérants d’Arco, le holding financier du Mouvement ouvrier chrétien flamand emporté dans le naufrage de Dexia, soutenus par le CD&V. Pour ce faire, une enveloppe de 600 millions d’euros avait été prévue, les coopérants pouvant être indemnisés jusqu’à 40% de leur apport. L’entrée en Bourse de Belfius étant désormais officiellement reportée, ces derniers devront attendre.
Les groupes d’intérêt “Geld Terug van Arco” et “Arcoparia’s” craignent que le report de l’introduction en Bourse de Belfius, et donc le report de l’indemnisation des coopérateurs d’Arco, signifie en fait une révision de l’accord. “Belfius dit qu’elle attend l’Europe, le gouvernement dit qu’il attend les experts, tout le monde semble attendre tout le monde”, commente Geert Lenssens, conseil de deux groupes d’actions des coopérateurs.
Le gouvernement s’était accordé cet été pour mettre en Bourse 30% de Belfius. Une enveloppe de 600 millions d’euros avait en même temps été prévue pour l’indemnisation des coopérateurs d’Arco, qui pouvaient être indemnisés jusqu’à 40% de leur apport. Le financement devait être réparti entre Belfius, Beweging.net (le Mouvement ouvrier chrétien), la liquidation d’Arco et les dividendes que l’Etat perçoit de Belfius (400 millions).
Cette proposition de 40% était “une manoeuvre du gouvernement pour gagner du temps”, estime Lenssens. “La chance que l’Europe approuve cela est proche du néant puisque la part la plus importante de l’indemnisation viendrait de l’Etat, comme une aide d’Etat interdite.” Les groupes d’action ne comprennent pas, selon leur avocat, pourquoi cet argent ne peut pas venir directement de Belfius.
Geld Terug van Arco et Arcoparia’s regrettent également qu’il n’y ait pas eu de règlement plus tôt dans l’année, quand le climat boursier était meilleur. En effet, fin août, les journaux L’Echo et de Tijd avaient rapporté que les turbulences enregistrées sur les marchés financiers avaient réduit la valeur de Belfius de 10 à 15% en quelques mois, un rapport des banques d’affaires accompagnant son entrée en Bourse lui attribuant désormais une valeur de 5 à 7 milliards d’euros, contre 6 à 8 milliards en avril.