Le marché de l’emploi wallon a mieux résisté à la période de crise 2008-2010 que les deux autres Régions. La Flandre, particulièrement, arbore plusieurs dimensions d’un marché du travail “potentiellement moins orienté vers l’avenir”.
Le marché de l’emploi wallon a mieux résisté à la période de crise 2008-2010 que les autres Régions, selon une étude de DynaM, une initiative commune de Federgon, HIVA-KU Leuven et l’ONSS, qui met en évidence les dynamiques sur le marché de l’emploi belge.
=> Taux de création et de destruction d’emplois dans la Région wallonne, flamande et de Bruxelles-Capitale (2008-2010) :
Wallonie : les caractéristiques d’un jeune marché du travail dynamique
“La Wallonie est une économie relativement petite qui s’appuie fortement sur le secteur public, pointe l’équipe de DynaM. Plus de 40 % des emplois proposés par les employeurs monorégionaux wallons se situent dans le secteur public. De ce fait, le marché de l’emploi est moins vulnérable aux fluctuations économiques. La forte création d’emplois dans les soins de santé et plus récemment dans les activités des titres-services, assure annuellement une croissance régulière de l’emploi.”
La Wallonie présente également des caractéristiques d’un jeune marché du travail dynamique, ajoute Caroline Vermandere, chercheuse senior : “La Région connaît beaucoup de turbulences, avec des taux de création et de cessation d’entreprises élevés, mais elle connaît dans le même temps une forte création réelle d’emplois qui entraîne donc le renforcement nécessaire de l’industrie et du service commercial wallons. Un certain nombre de secteurs industriels tels que la chimie et le secteur pharmaceutique présentent une dynamique de l’emploi croissante, mais c’est surtout dans les services de soutien aux entreprises et le commerce que de nombreuses nouvelles entreprises et PME créent chaque année de nombreux emplois.”
“La combinaison d’un important secteur public et d’un certain nombre de secteurs dynamiques dans l’industrie et le commerce a rendu le marché de l’emploi wallon très résistant ces dernières années, confirme Arnaud Le Grelle, directeur Wallonie-Bruxelles de Federgon. Même pendant la crise, il y a eu plus d’emplois créés que détruits et, pendant la reprise économique, la forte dynamique de l’emploi se fait immédiatement ressentir. Prises dans leur ensemble, ces constatations témoignent d’une économie jeune avec un potentiel de croissance considérable. Federgon trouve ces constatations importantes et encourageantes pour les initiatives wallonnes en matière de développement et d’innovation économiques, comme voulu par le plan Marshall. Il est encore trop peu souvent reconnu qu’une dynamique positive est aussi présente en Wallonie. Cela peut également ouvrir la voie à des nouveautés en matière de gestion du marché du travail.”
Flandre : un marché du travail potentiellement moins orienté vers l’avenir
“La Région flamande, étant la plus grande Région, a le plus de poids dans l’économie belge, résume Caroline Vermandere. La plus grande activité et le faible taux de chômage reflètent sa richesse.”
Toutefois, plusieurs facteurs mettent en garde contre un marché du travail potentiellement moins orienté vers l’avenir. “Ainsi, la demande de travail y est moins dynamique que dans les autres Régions. La proportion d’entreprises créées et la proportion de petites entreprises, deux indicateurs d’une dynamique entrepreneuriale créative, sont inférieures à la moyenne belge. Le taux de création d’emplois se situe, dans la plupart des secteurs, à un niveau plutôt bas, ce qui conduit, lors d’une récession économique, plus rapidement à une diminution nette de l’emploi et, lors d’une reprise, à un ralentissement de la croissance nette.”
L’économie flamande s’appuie, plus que dans les autres Régions, sur l’industrie, “mais connaît quelques secteurs sensibles comme le textile ou l’assemblage. La logistique est également un pôle d’emploi important mais conjoncturel en Région flamande. De cette façon, elle subit de plein fouet les conséquences d’une décroissance dans ces secteurs.”
“Les services non commerciaux ne peuvent pas entièrement compenser, même s’ils assurent aussi, dans cette Région, une croissance continue, en particulier dans les soins de santé et les services sociaux (titres-services), conclut la chercheuse. Cela rend le marché du travail flamand plus vulnérable aux chocs conjoncturels que les autres Régions, ce qui se manifeste surtout par une destruction d’emplois plus forte en période de récession.”
Conclusion : “Tout cela signifie que le marché du travail flamand est moins résistant en période de décroissance et qu’il rebondit moins facilement lors d’une reprise économique.”
Bruxelles : un petit marché du travail dynamique et résistant
La Région de Bruxelles-Capitale a un petit marché du travail dynamique et résistant. “Plus de 90 % de l’emploi se situe dans le secteur des services, analyse l’équipe de recherche DynaM. La forte présence des services commerciaux se reflète par le grand nombre d’entreprises entrantes et sortantes.”
D’autre part, la Région accueille plusieurs grandes organisations de la santé, de l’enseignement et de l’administration publique “qui sont peu sensibles aux fluctuations conjoncturelles. Les taux de création et de destruction d’emplois à Bruxelles sont élevés et cela conduit à une forte croissance nette de l’emploi.”
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