Lire la chronique d' Amid Faljaoui

Elon Musk, la disparition de la Twingo et les droits de succession

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Hier encore, je vous avais parlé de la montée des inégalités de patrimoine. Je vous avais également parlé des heureux gagnants de ce qu’il faut bien appeler la “loterie du sperme”, autrement dit, les héritiers. Certains d’entre vous m’ont contacté en me disant, en gros, que pour réduire les inégalités, il n’y avait qu’à augmenter les droits de succession.

D’abord, j’aimerai rappeler que s’il y a une chose que déteste le Belge, ou par exemple nos voisins Français, ce sont les droits de succession. Les électeurs qu’ils votent pour le PTB ou le MR sont massivement contre une augmentation des droits de succession. N’oubliez pas, l’héritier, c’est toujours le voisin, l’autre. Ensuite, ceux et celles qui prônent une taxation plus forte des personnes qui n’ont rien fait, si ce n’est de naître, oublient aussi un élément tout simple : l’espérance de vie.

Imaginons qu’Elon Musk soit belge et qu’on estime que si lui mérite d’être riche, ce n’est pas le cas de ses enfants, qui n’ont pour seul mérite que d’être le fruit de ses entrailles. Je ne dis pas que ce raisonnement est juste, je me contente juste de le pousser jusqu’au bout. OK, imaginons que le ou les partis au pouvoir décident de le taxer à mort à sa mort (sans jeux de mots) pour rétablir la balance de l’égalité et surtout entre nous pour faire rentrer des sous dans les caisses de l’Etat.

C’est simple, Elon Musk a aujourd’hui 50 ans, si l’espérance de vie de ce génie est de 80 ans par exemple, l’Etat devra attendre 30 ans encore avant d’encaisser les droits de succession. Or, les caisses de l’Etat sont vides aujourd’hui et pas dans 30 ans. Vous voyez, ce n’est pas simple. On est loin de la tribu des “YakaFokon” qui sévit sur réseaux sociaux.

De même, je vous parlais hier de la tentation du bien qui peut aussi provoquer du mal. Prenez la Renault Twingo, elle va disparaitre de la circulation car le patron de Renault l’a dit : cette citadine ne sera plus construite car elle n’est pas rentable. Idem pour d’autres citadines fabriquées chez Peugeot-Citroën ou d’autres marques. Les citadines vont disparaitre petit à petit de notre paysage alors qu’elles sont petites, légères et peu gourmandes en carburant. Alors pourquoi est-ce qu’elles disparaissent ? Simplement à cause des nouvelles normes écologiques ; je parle des nouvelles normes de CO2 qui, imposées aux constructeurs, rendent ces modèles non rentables.

Le patron de Renault l’a dit brutalement : “les petites voitures thermiques vont disparaître à cause des règles européennes. Cela devient très difficile de rentabiliser un modèle à essence de 3,60 mètres de long”. Oui, tout le monde veut une Belgique ou une Europe plus verte, mais cette Belgique plus verte sera aussi plus chère, notamment pour les personnes les moins aisées. C’est là où la problématique de la “fin du monde” s’entrechoque avec la problématique de la “fin du mois”… Comme quoi la tentation du bien peut parfois aussi faire mal. Mais est-ce une raison pour ne pas agir, à vous de nous le dire !

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content