Electricité, télécoms, horeca: pourquoi la Belgique est le seul pays à souffrir de l’inflation

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Alors que chez nos voisins les prix stagnent, ils continuent de monter chez nous. Sur un an, les tarifs de l’électricité ont bondi de plus de 40 %.

C’est l’exception belge : alors que dans la plupart des pays de la zone euro l’inflation est quasiment inexistante, dans notre pays, les prix continuent de monter. Au deuxième trimestre, la hausse des prix était de 1,6 % sur un an. En juillet, elle a même atteint 2,28 %.

Les prix ont augmenté de 2,28 % en juillet. Ce ne serait pas un problème si la même hausse s’affichait dans les pays voisins. Mais ce n’est pas le cas. Et cela handicape la compétitivité des entreprises belges, d’autant plus que nos salaires sont liés à l’index…

Mais pourquoi diable les prix augmentent-ils chez nous et pas ailleurs ? Plusieurs réponses à cela.

Tout d’abord, le tax shift. ” Les mesures fiscales prises par le gouvernement dans le cadre du tax shift ont partiellement joué un rôle, explique Peter Vanden Houte, le chief economist d’ING Belgique. Les accises sur le tabac et l’alcool ont été augmentées, la TVA sur l’électricité est passée de 6 à 21 % en septembre. Sans ces deux mesures, l’inflation serait plus basse de 1 %. “. En outre, en Flandre, le minerval a été revu à la hausse et la Turteltaks (la taxe mise en oeuvre par la ministre Annemie Turtelboom pour financer les certificats verts) a également pesé sur les prix de l’énergie, ajoute l’économiste en chef d’ING, qui souligne que l’impact de ces hausses sur l’inflation devrait donc être effacé progressivement. Cela n’empêche pas la facture d’électricité des ménages d’avoir flambé. Au deuxième trimestre de cette année, pour les prix de l’électricité ” l’inflation était en moyenne de 0,7 % chez nos voisins et de 40,6 % en Belgique ” souligne Peter Van Herreweghe, conseiller général à l’Observatoire des prix.

Electricité, télécoms, horeca

Mais le tax shift n’explique pas tout. Depuis quatre ou cinq ans, on observe une hausse plus importante des prix chez nous qu’ailleurs. Le ministre de l’Economie Kris Peeters souligne que, depuis octobre 2011, la hausse des prix dans les services est systématiquement plus importante en Belgique que chez nos voisins immédiats. Une étude que l’Observatoire des prix a remise au gouvernement en avril dernier ne dit pas autre chose et montre que par rapport à nos voisins, outre l’électricité, quatre secteurs sont particulièrement fiévreux : les services culturels, les réparations de voiture, l’horeca et les télécoms. Les deux premiers ne pèsent pas très lourd dans l’indice, contrairement aux deux derniers. Dans les télécoms, le nombre restreint d’acteurs pourrait expliquer cette hausse des prix. En France, par exemple, l’arrivée d’un opérateur discount tel que Free a fait baisser la facture. Rien de tel en Belgique. ” Comment expliquer que Telenet ait augmenté ses tarifs d’appel de 60 % et n’ait perdu aucun client ? ” s’interroge le ministre de l’Economie.

Dans l’horeca, certains responsables du secteur ont mis en avant la hausse des accises et le nouveau système de caisses enregistreuses pour expliquer la hausse de la note pour les clients. Mais une autre explication est avancée. ” Dans le secteur des services, où les gains de productivité sont faibles, l’indexation automatique des salaires a tendance à se répercuter davantage sur les prix, observe Peter Vanden Haute. C’est particulièrement vrai dans l’horeca, ajoute-t-il. Un choc temporaire, sur les prix de l’énergie par exemple, fait monter l’inflation et donc, avec l’indexation automatique, les salaires et finalement, les prix. Mais quand le choc est fini, les prix ne retombent pas… ”

Il y aurait donc plusieurs causes à cette flambée des prix typiquement nationale. Pour y voir plus clair, Kris Peeters a demandé aux experts du SPF Economie d’étudier la question. Et vite. Ils devraient remettre un premier rapport en novembre.

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