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Elections françaises : c’est la BCE qui dirige la France

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

L’argent mal acquis ne profite jamais. Ceux qui pensent que ce proverbe n’est pas valable feraient mieux de réviser leur jugement.

Un juge américain est en train de le démontrer en accusant 8 traders britanniques d’avoir manipulé les cours du pétrole au mois d’avril 2020. C’est assez difficile à imaginer aujourd’hui alors que tout le monde parle du prix du gaz et du pétrole qui sont à des niveaux très élevés, mais le 20 avril 2020 – en pleine pandémie – le prix du pétrole était pour la première fois de son histoire en territoire négatif.

A l’époque, un baril coutait – 37 dollars. Même si ce prix négatif n’a pas duré longtemps, il a suscité plein d’interrogations. Les uns expliquaient cela par l’effondrement de la demande de pétrole au niveau mondial, du fait des confinements, et d’autres pensaient que c’était dû au fait qu’il y a avait trop de stock de pétrole. C’est sans doute tout cela à la fois, mais c’est aussi le résultat d’une manipulation des cours du pétrole par ces 8 traders. Comment le sait-on ou croit-on le savoir ? Mais parce que ce juge américain a visiblement eu accès aux messages WhatsApp que se sont échangés ces traders entre eux. L’un des messages disait par exemple : “s’il vous plait les gars, ne racontez à personne ce qui s’est passé aujourd’hui“. Au final, si ces 8 traders ont empoché 700 millions de dollars en provoquant cette chute des cours du pétrole, la discrétion n’est visiblement pas leur fort, car le juge a saisi ce message et des dizaines d’autres et semble pouvoir prouver que ces 8 traders n’étaient pas indépendants comme ils le clament pour leur défense, mais au contraire qu’ils ont agi de concert pour manipuler le cours. En revanche, l’histoire ne dit pas comment ce juge a pu être au courant de ces messages WhastApp puisque comme vous le savez, ils sont supposés être cryptés et donc confidentiels.

Pour le reste, l’autre information qui m’a frappé cette semaine, c’est le retour à la normale de la Bourse de Paris. Malgré le deuxième tour de l’élection présidentielle, les investisseurs ne semblent plus trop se préoccuper de savoir qui va gagner ce second tour. L’excellent commentateur boursier Marc Fiorentino nous en donne l’explication : “imaginez que la France soit une entreprise, une entreprise qui perd de l’argent, une entreprise surendettée, et une entreprise qui doit continuer à s’endetter pour payer les salaires. Et imaginez que vous ayez une banque qui soit votre seule créancière, une banque dont vous dépendez totalement pour la survie de votre entreprise. Question : qui est le vrai patron ? Vous ou la banque ?

Bref, vous avez compris que ce soit Macron ou Le Pen, leur marge de manoeuvre est ultra limitée : c’est la banque centrale européenne qui dirige en réalité la France. C’est une bonne nouvelle pour ceux et celles qui ont peur de Marine Le Pen, car elle ne pourra pas faire des bêtises sinon la banque centrale européenne laissera filer les taux d’intérêt et elle ne pourra pas appliquer son programme, car elle sera étranglée par la charge des taux d’intérêt. Mais c’est aussi une mauvaise nouvelle, car cela montre que la France n’est plus indépendante financièrement. C’est rassurant ou déprimant à la fois. Même si je sais que cette chronique est lue dans le nord de la France, elle n’a pas pour vocation d’empêcher nos auditeurs hexagonaux d’aller voter. Surtout pas !

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