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Economie : faut-il oublier le premier semestre 2022 ?

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Le premier semestre qui vient de s’achever est-il à oublier ? Bonne question, à laquelle, je vais vous donner une réponse normande. Oui et non.

Oui, il faut l’oublier si on regarde de manière brutale l’économie : l’inflation est en hausse et à des niveaux jamais vus depuis des décennies. L’économie ralentit alors qu’elle devait exploser après la fin du COVID-19. L’Europe et les Etats-Unis ont peur de tomber en récession. Les taux d’intérêt sont en hausse rapide et les bulles boursières ont éclaté. La preuve de ce dernier point ? Le S&P 500, le principal indice de la bourse américaine est à – 20 %. Le Nasdaq, la bourse des valeurs technologiques est à – 29 %. Le Bitcoin qui a fait fantasmer les foules est à – 60 %. Tesla est à – 33% et même Amazon, qui avait profité de l’essor du e-commerce avec le confinement, est aussi à – 34%. Au passage, ces chiffres en rouge foncé prouvent que Mélenchon et OXFAM se trompent de cible lorsqu’ils fustigent le capitalisme qui crée selon eux des milliardaires toutes les heures. La simple lecture de ce premier semestre 2022 montre que ce même capitalisme peut réduire en quelques jours ou quelques semaines d’un bon tiers, voire plus encore, la richesse de ces mêmes milliardaires que ce soit le patron de Tesla ou d’Amazon ou de LVMH ! Mais de cela, ni Mélenchon ni OXFAM n’en parlent.

J’expliquais en préambule que je vous ferai une réponse normande à la question de savoir si ce semestre est à oublier. Je viens d’argumenter pour le volet “oui”. Maintenant, voyons pourquoi il faut – au contraire – se souvenir de ce premier semestre 2022. D’abord, parce qu’en-dehors de la guerre en Ukraine qui n’était pas prévisible ou très difficilement, tout ce qui nous arrivés de négatif était hélas prévisible. Nous devons nous en souvenir parce que cela fait des mois, si ce n’est des années, que certains crient casse-cou, par exemple, pour des valorisations boursières qui n’ont aucun fondement. Si ce n’est que l’argent était gratuit et qu’il n’y avait pas d’alternative à la Bourse. Comme l’écrit Marc Fiorentino, dans sa lettre d’information, les investisseurs ont vu “des ciels roses et des éléphants voler”, et maintenant, ces mêmes investisseurs boursiers sont en mode panique. “C’est le phénomène classique de manque après une longue période d’addiction”. Autrement dit, nous sommes en période de sevrage et les dealers en chef que sont les banques centrales ont cessé de distribuer leur coke. En d’autres mots, les taux d’intérêt gratuits, c’est fini.

D’ailleurs, strictement entre nous, ne plus avoir de taux d’intérêt négatifs n’est pas un drame, mais au contraire un retour au monde normal, plus sain, plus logique. Quant à l’inflation, elle est de retour de manière fracassante. Sur ce point majeur, ce qu’il faut retenir, c’est que la semaine dernière, les banquiers centraux réunis au Portugal pour un Forum ont reconnu – et c’est énorme – qu’ils n’ont pas vu venir l’inflation. Comme mea culpa c’est terrible, non ? Pourtant, l’inflation était là, visible avant même l’invasion de l’Ukraine. Et puis, lorsque ces mêmes banquiers centraux l’ont vu venir, ils ont tenté de nous rassurer en nous disant et répétant qu’elle était temporaire. Bref, que la hausse des prix était juste une bosse momentanée sur un graphique. Sauf que l’inflation temporaire (la bosse) semble être là pour durer. Et ça, ces brillants banquiers centraux ne l’avaient pas prévu.

Modestement, je pense qu’il faut vraiment garder en mémoire ce premier semestre 2022, car plus tard, lorsque quelqu’un vous parlera d’un Nouveau monde, d’un nouveau paradigme, vous pourrez hausser les épaules. Et lui dire, tout de go, que vous, vous étiez là au premier semestre 2022 quand l’Ancien monde s’est rappelé à notre bon souvenir. Quand cet Ancien monde a balayé ce Nouveau monde en moins de 6 mois. En réalité, ça ne pouvait pas continuer de la sorte et tant le COVID que l’inflation sont venus nous l’éternuer en plein visage.

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