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‘Économie de partage ou économie dérégulée ?’

Actuellement, on parle beaucoup d’une “économie de partage”, en raison de l’éclosion de nouvelles formes d’organisations qui reposent sur l’utilisation de biens par un certain nombre de personnes. On pense évidemment à des initiatives comme Uber ou Airbnb, ou encore au crowdfunding.

Parfois, on oppose ces nouvelles formes de collaboration aux formes dites anciennes de capitalisme, voire même au droit de propriété, qui serait voué à disparaître par obsolescence.

Ces conclusions paraissent toutefois hâtives. Un service comme Uber se positionne, avec toutes les difficultés que cela implique, comme un concurrent, non pas de l’achat de voitures, mais des services de taxi. Avant Uber, personne n’achetait une voiture pour faire une course en taxi, et le conducteur d’une voiture Uber est normalement propriétaire de son véhicule, comme l’entreprise de taxis. Le changement ne se situe donc pas au niveau des droits de propriété.

Il en est de même à propos des locations saisonnières que facilite Airbnb. Le système ne concurrence pas les ventes immobilières, mais les locations de vacances, ou l’hôtellerie, et sa caractéristique essentielle n’est, à nouveau, pas dans l’usage qui serait différent des droits de propriété, mais dans le fait que le loueur n’est pas professionnel.

Ces deux systèmes fonctionnent bien parce que, grâce à des technologies nouvelles, ils permettent de mettre en rapport des fournisseurs de services, parfois occasionnels, et inconnus du public, avec des particuliers. Les professionnels se trouvent ainsi concurrencés sur un terrain où ils bénéficiaient, soit de leur notoriété, soit même, dans le cas des taxis, d’un monopole réglementé.

Ce qui crée le succès de ces entreprises, ce n’est même pas le caractère original, souvent inexistant, de leurs services, mais précisément le fait qu’ils offrent un service analogue mais dans de plus grandes conditions de liberté, et ce pour un prix plus avantageux parce que les charges sont moindres.

C’est d’ailleurs de cela que se plaignent les exploitants professionnels qui craignent d’être évincés. Ils défendent, pour des raisons que l’on peut comprendre, soit un monopole, soit une situation acquise, qui, dans l’un et l’autre cas, impliquent des charges. Les entreprises de taxis ont dû acquérir, contre paiement, le droit d’exercer leur activité, et sont soumis à des contrôles et à des charges sociales et fiscales. Il en est de même des hôteliers, concurrencés par Airbnb, qui subissent des inspections, et sont soumis à des charges sociales, fiscales et administratives.

‘Économie de partage ou économie dérégulée ?’

Il se fait que les clients, de plus en plus souvent, préfèrent se passer des douteux avantages que leur donne le système réglementé. Ils savent que les taxis ont des couvertures d’assurance plus importantes, et que leurs véhicules sont vérifiés, tandis que leurs chauffeurs font, eux aussi l’objet de contrôles. Mais toutes ces réglementations, conçues pour protéger les consommateurs, apparaissent comme n’ayant finalement que peu d’intérêt pour ces derniers, qui préfèrent alors recourir à un chauffeur qui ne bénéficie pas d’un monopole, mais d’un véhicule plus attrayant, souvent pour un prix moindre. Il en est de même pour le propriétaire d’une location de vacances, qui sera préféré à l’hôtelier, pourtant plus professionnel et soumis à des contrôles.

La réaction des professionnels établis est étonnante. Il est logique qu’ils se plaignent d’une concurrence soumise à moins de restrictions et à moins de charge. Mais, au lieu de revendiquer une suppression des charges et des contrôles qui les frappent, ces professionnels veulent à tout prix que l’on impose les mêmes restrictions à leurs concurrents, pour les rendre moins attrayants.

C’est une étrange conception qui les anime. Il y a deux manières de rétablir l’égalité : supprimer les régulations et les charges pour tout le monde, ou les mettre au même niveau pour tout le monde. Des entrepreneurs dynamiques exigeraient la première solution. Il est dommage que ces secteurs semblent systématiquement préférer la seconde, contrairement à leurs clients.

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