Douze recommandations de la FEB pour une Belgique plus influente en Europe

Piter Timmermans (FEB). © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La fédération patronale estime qu’il est indispensable pour notre pays de redynamiser son rôle central pour la construction européenne. En faveur des entreprises. Suggestions à l’appui.

“Il faut souligner que la Belgique joue un rôle majeur en Europe. En tant que pays fondateur et en tant que “faiseur de compromis”. Ce rôle repose aussi sur une longue tradition et un credo pro-européen, et sur une machinerie bien rodée. Néanmoins, tout est perfectible…” Pieter Timmermans, administrateur délégué de la Fédération des entreprises de Belgique, résume de la sorte la nécessité d’une réflexion visant à rendre la Belgique encore plus influente en Europe. En outre, le contexte géopolitique a fortement changé avec une Union désormais forte de Vingt-sept membres et la crise ukrainienne qui secoue toutes nos certitudes.

Ces derniers mois, la FEB a travaillé sur le sujet et présenté, ce jeudi 17 novembre, douze recommandations à un parterre de personnalités – dont le président du Conseil européen, Charles Michel, et le commissaire européen belge, Didier Reynders.

Définir les positions belges

“La première phase concerne la définition des positions belges, souligne Pieter Timmermans. Notre maître mot ici est “Meten is weten ” / “Mesurer c’est savoir”. Nous pensons qu’avant de définir une position sur un dossier concret, nos autorités devraient encore davantage s’interroger sur l’impact effectif de celui-ci sur nos entreprises et sur notre économie en général. Ceci, afin de prendre des décisions en connaissance de cause.”

Les recommandations, dans ce cadre, sont au nombre de quatre :

1. Actualisez en permanence une cartographie des intérêts défensifs et offensifs de notre pays dans les grands dossiers européens, comme le climat, le commerce international ou le marché intérieur ;

2. Mesurez systématiquement l’impact de toute nouvelle proposition européenne sur nos intérêts ;

3. Consultez les entreprises afin de collecter leurs priorités ou préoccupations sur tout nouveau dossier européen.

4. Abstenez-vous de prendre toute initiative nationale lorsqu’une proposition est annoncée ou en cours d’élaboration au niveau européen. Sinon on crée de l’insécurité juridique pour nos entreprises.

Défendre les positions belges

Vient ensuite le temps de la défense des positions belges au niveau européen. “Certes, en tant que petit État membre, nos moyens et notre influence ne sont pas illimités, dit l’administrateur délégué de la FEB. Mais nous voyons des marges de progression possibles.”

Là aussi, quatre recommandations :

1. Améliorer la transparence quant aux positions que la Belgique défend sur la scène européenne. Il ne peut s’agir d’une “black-box”, car une telle approche crée de l’ambiguïté et donc de l’incertitude ;

2. Il faut éviter les scénarios où, par manque de consensus interne, notre pays doit s’abstenir ou se limiter à quelques généralités lors des débats européens. Si c’est le cas, le CODECO devrait être appelé à trancher les désaccords ;

3. Tous ensemble, créons un vrai “réseau belge” au sein de “la bulle européenne”. Cela veut dire plus de contacts informels entre les Belges qui suivent de près les matières européennes, dans les administrations, dans les institutions de l’UE et dans le monde des entreprises. Soyons honnêtes, nos partenaires européens ne se privent pas de faire jouer leurs propres relais nationaux ! ;

4. Bien entendu, la Belgique, seule, ne sait pas fédérer ou inverser une alliance au plan européen. Nous plaidons donc pour des efforts accrus de concertation avec des pays “like-minded”, qui défendent des priorités similaires aux nôtres.

Appliquer ce que l’Europe décide

Last but not least, il s’agit d’appliquer ce qui est décider par les Vingt-Sept en Belgique. “Ce niveau est aussi très important, car les législations européennes impactent fortement le quotidien de nos entreprises, dit Pieter Timmermans. Mais si elles ne sont pas correctement mises en oeuvre, nos entreprises sont privées des retombées positives de l’harmonisation européenne. Ou elles sont confrontées à des désavantages compétitifs.”

Quatre recommandations finales :

1. Renforçons un “réflexe et une culture européenne” dans tous les parlements de notre pays. Ceci, afin de préparer le terrain pour les transpositions de textes européens ou la ratification d’accords commerciaux. Nous ne voulons par exemple plus vivre un blocage tardif comme ce fut le cas en 2016 avec le CETA ;

2. Améliorons la manière dont les directives européennes sont transposées en droit belge. Cela veut dire 2 choses : les transposer dans les délais fixés, et sans faire de “gold-plating” (). La protection des consommateurs en est un bon exemple. Trop souvent ici, nous voulons être plus catholiques que le Pape. En tant que petite économie ouverte, il est dans notre intérêt d’assurer un level playing-field intra européen.

3. Mais veillons aussi à garantir un level-playing-field intra-belge. Pour cela, il faut que les directives soient transposées de manière plus homogène dans l’ensemble du pays. Pour rappel, 40% des travailleurs du secteur privé travaillent dans des entreprises actives dans au moins 2 régions . Et souvent, il s’agit également d’entreprises actives au plan européen et international;

4. Et enfin, pour “boucler la boucle “, évaluons constamment la manière dont la législation européenne est mise en oeuvre en Belgique. Ceci, afin de plaider, lors de la révision de ces législations, pour une efficacité accrue et au moindre coût.

Plus d’Europe, mieux d’Europe!

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