Donald Trump veut reporter l’élection présidentielle: l’économiste Bruno Colmant l’avait prédit, il y a 3 ans déjà!
Le président américain envisage de “reporter l’élection” présidentielle face aux risques de “fraude”. En effet, Donald Trump a suggéré dans un tweet, ce jeudi 30 juillet, de reporter le scrutin présidentiel prévu pour novembre: “Avec le vote par correspondance […] 2020 sera l’élection la plus inexacte et la plus frauduleuse de l’histoire. Ce sera une véritable honte pour les États-Unis. Reporter l’élection jusqu’à ce que les gens puissent voter normalement, en toute sécurité ???”.
En d’autres mots, le président américain met en cause le vote par correspondance, solution envisagée par plusieurs Etats afin de limiter autant que possible la propagation du Covid-19. Par ailleurs, contrairement à ce qu’avance le président, plusieurs Etats autorisent ce système depuis des années et n’ont pas signalé de problèmes majeurs, à part quelques incidents isolés.
La raison de ce tweet ? Donald Trump fait face à des sondages très défavorables et n’a d’autres alternatives que de brandir le spectre de “fraudes massives”. Mais tweet ou pas tweet, seul le Congrès (Sénat et Chambre des Représentants) peut décider de reporter une élection présidentielle. Bruno Colmant, économiste et CEO de la banque DEGROOF PETERCAM avait déjà averti de ce danger, il y a trois ans déjà.
Nous l’avons joint sur son lieu de vacances : “Il y a trois ans, en septembre 2017, j’écrivais un article auprès de vos confrères de l’Echo prophétisant que les élections américaines de 2020 n’allaient pas se passer normalement. Son titre était : “En 2020, les États-Unis seront-t-ils encore une république ?”. Je dois hélas avouer que je fus raillé par certains.”
Mais pourquoi cette intuition ?
“Probablement parce que j’ai des racines familiales américaines, que j’ai étudié dans le Midwest et travaillé à New York mais surtout, parce que j’ai appris, très jeune, que la réalité sociétale américaine est très différente de celle qui est véhiculée par Hollywood. C’est un pays dur, individualiste et conquérant qui exporte la violence associée au capitalisme le plus brutal par des interventions militaires étrangères, d’ailleurs jamais terminées. Or, aujourd’hui, plus que jamais, les États-Unis sont isolationnistes et donc doivent absorber, de manière interne au pays – je parlerai même de mouvement centripète- de multiples déchirements de la société : appauvrissement, perte d’hégémonie, pulvérisation de la classe moyenne, ravages de l’éducation insuffisante et des opiacés. Bref, tous ces éléments, erronément considérés comme des micro-oscillations et donc des bruits faibles de l’histoire, constituaient, déjà il y a trois ans, un bruit assourdissant.
Donald Trump arrivera-t-il à reporter ces élections ?
“Difficile à dire, mais c’est maintenant clair aux yeux du monde qu’il veut désormais retarder les élections et il est tout à fait possible que la plus grande démocratie du monde ne survivra pas à ce choc. Mais ce n’est pas une anecdote de l’histoire. Dans cette hypothèse, c’est le ciment moral des valeurs de liberté, d’ailleurs statufiée dans le port de New York, qui va être entamé avec une déliquescence d’un modèle, certes imparfait, mais considéré comme le relais des luttes qui ont animé l’Europe pendant deux mille ans. De graves périls attendent ce pays et le monde occidental si ces élections devaient être sabordées”.
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