“Donald Trump fait jusqu’ici un excellent travail”

Bruce Lyon, maire de Dolgeville. © AFP

Dolgeville, 2.400 habitants au pied de la chaîne des Adirondacks: une petite ville qui survit tant bien que mal, avec les quelques commerces de sa rue principale et une poignée de petites entreprises, dont une usine de battes de baseball, la seule des Etats-Unis.

Dans cette région enclavée, loin des centres urbains de New York (à 350 kilomètres) ou Rochester (260 km), la ville, qui doit son nom à l’industriel et bienfaiteur du XIXe siècle Alfred Dolge, les deux-tiers des habitants ont voté pour Donald Trump.

Souvent par crainte de voir leur ville péricliter et les emplois disparaître, comme disparut à la fin des années 1990 la grande usine de la ville, l’entreprise Daniel Green de fabrication de pantoufles et ses 700 emplois.

Et jusqu’ici, ils sont ravis: les débuts du magnat de l’immobilier à la Maison Blanche, qui a promis de rapatrier des milliers d’emplois manufacturiers aux Etats-Unis et pressé plusieurs grandes entreprises de maintenir ou relancer des investissements aux Etats-Unis, leur ont mis du baume au coeur.

Susan Fogarty, 63 ans, qui a lancé avec son mari il y a 30 ans une petite société de fournitures pour les nombreux forestiers de la région, a retrouvé le sourire après des passages à vide ces dernières années.

“Franchement, on avait très peur de devoir mettre la clé sous la porte, on n’y arrivait plus avec ce qui se passait depuis huit ans. Mais, maintenant, j’ai l’impression qu’on va quelque part, que le pays va dans la bonne direction”, dit-elle.

Espoir retrouvé

Concrètement, rien n’a changé pour l’instant mais “c’est le sentiment d’espoir qu’il me donne, à moi, à mon mari, à mes enfants et mes petits-enfants, l’espoir d’un pays où les gens créent des entreprises, achètent américain et puissent acheter américain”, dit cette adepte de la chaîne conservatrice Fox News.

Un de ses employés, Shane Morrill, confirme: “Les gens sont plus optimistes”.

En restreignant l’immigration et l’économie, et même s’il reste “beaucoup à faire”, Trump “fait jusqu’ici un excellent travail”, dit ce père de trois enfants, qui cite pour preuve l’envolée de Wall Street ces dernières semaines.

Le maire républicain de Dolgeville, Bruce Lyon, 75 ans, est lui aussi convaincu que “même s’il parle parfois trop vite”, Trump “veut vraiment préserver autant d’emplois que possible”.

“Lorsque les 700 emplois de Daniel Green ont quitté Dolgeville, ça a été vraiment dévastateur”, raconte cet enfant du pays qui dirige la ville depuis 15 ans. “Il nous reste cinq ou six entreprises, ce ne sont que 300 à 400 emplois mais c’est plus que ce qu’on aurait si elles partaient. Donc si nous pouvions les garder…”

Pour lui, les petites villes comme Dolgeville ont aussi “cruellement besoin” des 1.000 milliards de dollars d’investissements promis par M. Trump pour rénover les infrastructures, comme le pont qui relie les deux parties de sa commune traversée par la rivière East Canadian. D’autant qu’elles pâtissent d’un “manque de soutien” du gouverneur démocrate de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, plus attentif aux grandes métropoles qui l’ont élu, selon M. Lyon.

Après avoir plusieurs fois déménagé, Wayne Dzierzanoski, employé depuis 18 ans par l’usine Rawlings de battes de baseball, ne regrette pourtant pas d’élever ses deux filles dans cette région de lacs et d’érables, qu’on perce en cette saison pour en récolter le sirop.

Des rêves plein la tête

La criminalité est faible et quand on parle d’immigrés, beaucoup songent d’abord aux membres de la communauté religieuse Amish qui viennent depuis des années ériger des granges dans la région.

Mais, comme beaucoup, M. Dzierzanoski nourrit l’espoir de voir Dolgeville offrir de nouvelles perspectives d’emplois et attirer de nouvelles activités à la faveur du renouveau industriel promis par Donald Trump.

Il verrait bien l’usine de battes, reprise en 2016 par le conglomérat Rubbermaid et qui emploie aujourd’hui 35 personnes, élargir sa gamme en “rapatriant d’autres productions” du groupe aujourd’hui à l’étranger.

Chacun a son rêve: Tina Gorinshek, 53 ans, serveuse au Motors’ In, le restaurant de la rue principale, espère pour sa part que les années Trump verront la rue principale regagner des commerces. Pour pouvoir, “comme il y a 25 ans, faire mes achats de Noël ici”.

Quant au maire, il voudrait faire revivre la grande bâtisse grise qui abritait l’usine de pantoufles, aujourd’hui à vendre.

“Si seulement Donald Trump pouvait venir ici et trouver une idée de quoi en faire… Peut-être qu’on pourrait la remettre en marche!”

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