Dette américaine : pourquoi les républicains ont déjà gagné

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Les discussions pour réduire le déficit et relever le plafond de la dette sont apparemment toujours dans l’impasse. En fait, les démocrates ont accepté l’essentiel des revendications des républicains qui cherchent à obtenir une ultime concession. Explications.

Huit petits jours séparent les Etats-Unis du défaut de paiement et de l’armageddon financier qui pourrait s’ensuivre. Et pourtant, les républicains et les démocrates s’opposent toujours sur la façon de réduire le déficit budgétaire. Et ce afin d’accompagner un accord sur le relèvement du plafond de la dette, qui a atteint en mai sa limite de 14.300 milliards de dollars.

Le président Barack Obama s’est dit persuadé lundi qu’un compromis restait possible pour éviter cette issue catastrophe. Sauf que des compromis, les démocrates n’ont fait que ça depuis le début de la crise.

Il y a quelques mois, ils souhaitaient simplement relever le plafond. Mais ils devaient pour cela obtenir l’accord des républicains, majoritaires à la Chambre. Or ces derniers en ont profité pour exiger des contreparties budgétaires. En clair, des économies.

Les démocrates ont donc d’abord proposé de réduire le déficit de 2400 milliards de dollars, dont 400 milliards via des hausses d’impôts. Face au refus des républicains, ils ont ensuite proposé un plan encore plus ambitieux qui réduirait le déficit de 4 000 milliards, avec cette fois un milliard obtenus par de nouvelles recettes fiscales. Problème, les républicains ne voulaient absolument pas entendre parler de hausses d’impôts. Le chef de file des démocrates au Sénat, Harry Reid, en est donc arrivé lundi à un plan qui cède sur quasiment toutes les revendications principales des républicains:

– D’abord il propose une réduction des dépenses de 2.700 milliards de dollars sur dix ans, soit plus que les 2.400 milliards de dollars de relèvement du plafond de la dette nécessaire pour fonctionner jusqu’en 2013.

– Ensuite il accepte la création d’un comité bipartisan chargé de concevoir un ensemble de mesures pour réduire déficit, avec la garantie implicite que ce plan sera validée quelle que soit la majorité.

– Enfin et surtout, il renonce à toute nouvelle mesure fiscale pour réaliser l’objectif de réduction de déficit. Obama avait pourtant insisté depuis le début sur la nécessité d’augmenter les impôts sur les ménages les plus riches. Lundi midi encore, le président affirmait: “nous ne pouvons pas réduire notre déficit seulement en coupant dans les dépenses”.

Et pourtant, malgré tous ces reculs, les républicains continuent de rejeter les propositions démocrates. Les critiques sont assez vagues : le président républicain de la Chambre, John Boehner, estime que ce plan est “bourré de gadgets”, qu’il n’effectue “pas de changements réels dans la structure de dépenses de l’Etat” et ne s’attaque pas aux grands programmes sociaux. Il veut désormais aller plus loin en faisant voter un amendement à la constitution qui imposerait des limites strictes aux dépenses futures. Leur dépassement provoquerait des coupes automatiques dans les dépenses.

En fait, le seul point de friction concret est purement politique : les démocrates prévoient une autorisation d’endettement suffisante pour tenir jusqu’en 2013, c’est-à-dire qui puisse durer jusqu’après la présidentielle de novembre 2012. Ils craignent en effet qu’une crise du même genre, au moment de la campagne présidentielle, ne nuise aux chances de réélection d’Obama. Or c’est précisément pour cela que John Boehner essaie ne ne valider qu’un premier relèvement. Il permettrait d’échapper au défaut de paiement à court terme mais obligerait Obama à rediscuter d’un deuxième relèvement, histoire de le mettre en difficulté en pleine campagne électorale.

Laura Raim

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