Des compagnies de fret ferroviaire s’allient en faveur du climat
Une quinzaine de sociétés ferroviaires de transport de marchandises, parmi lesquelles la Belge Lineas (anciennement B Logistics), ont lancé l’alliance “Rail freight forward” vendredi en Pologne afin d’augmenter la part du rail dans le transport de marchandises. Convaincues que le transport ferroviaire peut et doit être une solution dans la lutte contre le changement climatique, ces entreprises ont l’ambition de faire passer à 30% la part du rail dans le transport total de marchandises.
Le secteur du transport de marchandises émet annuellement 275 millions de tonnes de CO2, soit près d’un tiers du total des émissions du secteur du transport. Et avec une croissance attendue de 30% d’ici 2030, l’empreinte sur le climat du transport de fret risque d’augmenter sensiblement. A l’heure actuelle, 75% du transport de marchandises se fait par la route, pour 18% seulement par le rail.
“Nous pensons que ce n’est pas durable. Nous devons changer cela, sinon nous aurons un million de camions en plus sur les routes européennes d’ici 2030”, a déclaré le CEO de Linas, Geert Pauwels, au cours d’une conférence de presse à Katowice, en marge de la 24e conférence des Nations unies sur le climat (COP24). Une telle croissance du transport routier serait insoutenable pour les infrastructures routières, déjà saturées, engendrerait des émissions de 80 millions de tonnes de CO2 supplémentaires d’ici 2030, causeraient davantage de morts sur les routes et nuirait grandement à la qualité de l’air, avertissent les compagnies ferroviaires européennes.
L’ambition de “Rail freight forward”, au sein de laquelle on retrouve également DB Cargo (Allemagne), SNCF Logistics (France), SBB Logistics (Suisse) ou PKP Cargo (Pologne), est de faire passer de 18% actuellement à 30% en 2030 la part du rail dans le transport de marchandises.
Mais pour ce faire, “il ne faut pas nécessairement des investissements colossaux mais que les gestionnaires de réseau offrent un meilleur service aux opérateurs ferroviaires”, demande Geert Pauwels, pour qui faire rouler un train d’Anvers à Vienne peut parfois s’apparenter à un véritable parcours d’obstacles. “Nous souhaitons que rouler en train en Europe soit aussi facile que de rouler en camion”.
Le CEO de Lineas plaide également pour une concurrence loyale entre les différents modes de transport, par exemple en réduisant les coûts des sillons dont doivent s’acquitter les entreprises ferroviaires de transport de marchandises. “Le prix du sillon en Belgique est plus élevé que dans nos pays voisins. Or, l’Allemagne a décidé une réduction du prix du sillon de 45%. C’est un exemple de ce que l’on peut faire pour stimuler le fret ferroviaire”.
Pour faire passer son message auprès des décideurs et du grand public, la coalition de compagnies ferroviaires a lancé vendredi à Katowice le “train de Noé”, qui sillonnera toute l’Europe via Vienne, Berlin, Paris et arrivera à Bruxelles le 20 février 2019. Dans chaque ville halte, ce train, composé de wagons de toutes les compagnies partenaires, servira de support à des artistes qui en feront progressivement “l’oeuvre d’art mobile la plus longue au monde”.