Alain Mouton

Déficit budgétaire: bientôt la Belgique sera à nouveau le plus mauvais élève de la classe

Alain Mouton Journaliste chez Trends  

Le Fonds monétaire international tire la sonnette d’alarme sur l’état des finances publiques de la Belgique. En 2027, la Belgique aurait le déficit budgétaire le plus élevé de tous les pays industrialisés. Les politiciens, en revanche, n’ont guère à s’inquiéter.

5,4 % du produit intérieur brut, soit environ 26 milliards d’euros : c’est le montant qu’atteindra le déficit budgétaire belge en 2027, selon les nouvelles prévisions du Fonds monétaire international (FMI). A nouveau, cela fera de la Belgique le plus mauvais élève de la classe, non seulement de l’Union européenne mais aussi de tous les pays industrialisés. En outre, notre pays est également en passe d’avoir, comparé aux autres pays, les dépenses publiques les plus élevées. Et il n’y a aucun espoir que la situation s’améliore grâce à une forte croissance économique – c’est-à-dire plus de recettes fiscales et moins de dépenses. Le même rapport indique que les perspectives de croissance économique à moyen terme (2023-2027) ne dépasseront pas 1,5 %. Parmi les pays industrialisés, seuls le Japon et l’Italie font moins bien.

Face à ce constat, la Vivaldi ne semble pas éprouver un quelconque sentiment d’urgence. Aucun des partis du gouvernement fédéral ne paraît s’inquiéter de l’état précaire des finances publiques du pays. Seule la secrétaire d’État au budget Eva De Bleeker (Open Vld) plaide occasionnellement pour une discipline budgétaire. Mais elle prêche dans le désert. Le PS, traqué par le PTB/PVDA de la gauche radicale, a répété à plusieurs reprises que les libéraux flamands ne devaient pas faire trop de bruit.

Pour les socialistes, c’est la force du nombre qui s’applique : le PS est le plus grand parti au sein du gouvernement fédéral et estime donc pouvoir en fixer les grandes lignes. Et Open Vld est clairement en train de jouer au-dessus de sa catégorie avec le Premier ministre Alexander De Croo.

Impôt sur la fortune

Le président du MR, Georges-Louis Bouchez, qui se considère comme le gardien de la droite de la Vivaldi, ne dit rien du déraillement des dépenses publiques. Pire encore : cette semaine, il a présenté une autre proposition de revenu de base. Totalement inabordable, bien sûr. L’économiste en chef de Voka, Bart Van Craeynest, a calculé qu’un revenu de base de 1 000 euros pour tous coûterait 138 milliards d’euros par an. “Même si cela devait remplacer la sécurité sociale, vous vous retrouvez avec un trou de 52 milliards d’euros et une conversation qui va être très difficile avec beaucoup de retraités”, dit Van Craeynest.

Tout aussi mauvaise idée est la proposition tardive du président du CD&V, Joachim Coens, à savoir un nouvel impôt sur la fortune. Ou plutôt : un nouveau transfert fiscal des impôts sur le travail vers les plus riches, autrement dit faire porter la charge fiscale sur ceux qui ont les épaules les plus larges. Alors qu’en Belgique la charge fiscale implicite sur le capital est déjà parmi les plus élevées de l’Union européenne. Face à ces propositions peu originales, il est compréhensible que les chrétiens-démocrates flamands soient au milieu d’une crise existentielle.

Une euphorie excessive

Quand les présidents de partis et les ministres ne présentent pas de propositions irréalistes, des réactions excessives peuvent soulever des questions sur le sérieux de nos décideurs.

Le vice-Premier ministre et ministre de l’Emploi Pierre-Yves Dermagne (PS) était heureux comme tout, il y a quelques jours, en annonçant que le taux d’emploi belge est passé à 71,6 %. Non seulement nous sommes, à nouveau, au-dessus du niveau d’avant la crise sanitaire, mais c’est le taux d’emploi en Belgique le plus élevé depuis 20 ans. C’est une bonne chose. Mais M. Dermagne tente d’ajouter après que la Belgique est en retard sur les pays de référence comme les Pays-Bas et la France en ce qui concerne la hausse de ce taux d’emploi. Et que nous sommes encore loin de l’objectif de 80 % qui avait été fixé.

Les réformes du marché du travail sur lesquelles le gouvernement s’est mis d’accord il y a quelques mois ne changeront pas grand-chose à cette situation. Les absurdités lâchées, l’euphorie excessive et la forme persistante de léthargie actuelle du gouvernement sont sans précédent.

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