Dave Sinardet: “Le programme pourrait être plus à droite sans la N-VA…”

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Pour accepter un gouvernement sans la N-VA, les libéraux flamands auront besoin de vrais trophées socioéconomiques, pointe le politologue.

Pour sortir de cette crise, un gouvernement de plein exercice, soutenu par une majorité parlementaire claire, vous semble-t-il nécessaire ?

Juridiquement, nous avons un gouvernement de plein exercice. Mais, politiquement, nous sommes toujours dans les affaires courantes, avec une sorte d’ upgrade pour tout ce qui est lié au coronavirus. Pour le reste, pour toutes les autres politiques, il n’y a aucun accord, aucun plan et, de fait, cette situation ne me semble pas idéale… Quand le gouvernement a été formé en mars, certains y voyaient une formule un peu sournoise pour avancer doucement vers une Vivaldi ( coalition sans la N-VA, Ndlr). On ne peut pas dire que ce soit le cas : je ne vois aucune dynamique positive de ralliement en train d’opérer et les kerns élargis du samedi matin ne semblent pas vraiment avoir contribué à forger un esprit d’équipe.

A la fin des pouvoirs spéciaux, serons-nous donc revenus à la case départ ?

Malheureusement oui. On revient à nouveau avec cette idée selon laquelle les deux plus grands partis doivent s’entendre. Depuis des mois, on voit pourtant bien que cette option n’est pas réaliste, que le PS n’en veut absolument pas. Le paradoxe, c’est qu’une coalition Vivaldi pourrait bien avoir un programme socioéconomique plus à droite qu’avec la N-VA : l’Open Vld aura en effet besoin de trophées, de mesures fortes dans ce qui est son core business, pour entrer dans une telle coalition. Et le PS pourrait les lui offrir tant parvenir à former un gouvernement sans la N-VA serait une grande victoire pour lui. La même chose s’est produite en 2014 pour la N-VA : elle a accepté d’oublier son agenda institutionnel car former un gouvernement sans le PS était une fin en soi. Pour l’instant, Bart De Wever fait offre de services. D’une part, il doit être constructif pour ne pas offrir au CD&V et à l’Open Vld un alibi pour le contourner ; d’autre part, il voit bien que dans une telle crise, seul le niveau fédéral est vraiment visible. Fin 2018, une partie de la N-VA était sceptique quant au choix de quitter le gouvernement Michel. Aujourd’hui, ces sceptiques sont bien plus nombreux au sein du parti. S’ils étaient restés lors de la décision sur le pacte de Marrakech, ils seraient toujours au gouvernement fédéral aujourd’hui…

Dans ces conditions d’impasse, le plus sage n’est-il pas de rebattre les cartes avec des élections anticipées ?

Ce serait une très mauvaise idée. Sur le plan pratique, la crise sanitaire ne sera pas derrière nous dans quelques mois : comment dès lors mener une campagne et organiser des élections ? Sur le plan politique, je ne pense pas que les citoyens attendent des élections anticipées aujourd’hui et rien ne nous dit d’ailleurs que les résultats seraient très différents. La seule option, c’est d’avancer vers une formule ” à la Vivaldi ” ou de faire évoluer le gouvernement Wilmès en un vrai gouvernement minoritaire. Mais 38 députés sur 150, c’est quand même très minoritaire. Comme je vous le disais, juridiquement, le gouvernement peut rester en place. La Première ministre a toutefois clairement fait la promesse de solliciter la confiance du Parlement après six mois, je vois mal comment on pourrait l’oublier et laisser l’actuelle équipe continuer comme si de rien n’était.

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