Damien Ernst: “Les anti-nucléaires sont toujours à la tête de notre politique énergétique”

Damien Ernst (ULiège). © Belga
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Est-ce le retour en grâce de l’atome? Le professeur de l’ULiège espère un “retour de la raison en matière de politique énergétique”. Mais il dénonce le “dogmatisme écologique”. Un dossier couverture de Trends Tendances, jeudi.

Ce jeudi 3 novembre, Trends Tendances publie en couverture un dossier au coeur d’une actualité énergétique brûlante: “le retour en grâce de l’atome”. Longtemps critiqué, condamné à en Belgique depuis 2003, le nucléaire retrouve voix au chapitre dans un contexte de crise énergétique et de défi climatique. Chez nous, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour prolonger davantage de réacteurs ou pour investir dans le nucléaire du futur – deux dossiers sur la table du gouvernement De Croo.

En guise de préambule à ce dossier, Damien Ernst, professeur à l’ULiège, souligne combien il s’agit encore de surmonter le “dogmatisme écologique”.

Est-ce le retour en grâce de l’atome?

Oui, c’est le retour en grâce de l’atome… ou, pourriez-vous dire, de le retour de la raison en matière de politique énergétique. C’est un domaine où l’on manque énormément de professionnalisme parmi les décideurs politiques.

Un certain nombre de pays – comme le Royaume-Uni, la France, les Pays-Bas ou les pays de l’Est – ont fait le sage choix de miser sur le nucléaire en complément du renouvelable. Mais chez nous, on reste dans le dogmatisme écologique. Le débat avance dans l’opinion publique, certes, mais il sera tranché politiquement avec les élections de 2024. L’électeur doit se rendre compte qu’on n’a pas eu la vision nécessaire en matière d’énergie. Nous avons vécu pendant des années avec des promesses insensées et intenables en matière de décarbonation et de développement du renouvelable.

Vous êtes pourtant un expert très médiatisé, non?

Oui, mais pendant longtemps, ceux qui tenaient un autre discours que ce dogmatisme écologique étaient inaudibles. C’est difficile d’avoir une place dans le débat public, vous devez vous époumonez à dire que le 100% renouvelable, c’est irréaliste.

Le débat politique concernant une prolongation élargie du parc nucléaire belge est désormais sur la table…

La prolongation de deux réacteurs a été obtenue dans la douleur et le contexte reste difficile car ce sont toujours les anti-nucléaires qui sont à la tête de notre politique énergétique. C’est évidemment plus difficile de prolonger pour un industriel quand il reçoit en permanence des signaux qui ne sont pas clairs. Il a d’autant plus envie d’être blindé sur le plan juridique. Je comprends qu’Engie ne fasse pas confiance au gouvernement dans les circonstances actuelles. Je ne veux pas défendre les grands industriels, mais c’est difficile de travailler dans un contexte qui n’est pas rationnel. Il y a un décalage de plus en plus grand entre le pragmatisme du monde économique et le caractère irrationnel de la politique.

Ne restons-nous pas marqué par un syndrome né de la catastrophe nucléaire de Fukushima?

Les positions populistes des anti-nucléaires ont été renforcées par cet incident qui a finalement été moins grave que ce que ce que l’on a prétendu: certains sont déjà en train de se réinstaller dans les zones concernées.

Découvrez ce jeudi 3 novembre l’ensemble du dossier en couverture de Trends Tendances.

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