Covid: “les pays en développement ont fait passer les grandes entreprises avant leurs populations”
Les grandes entreprises sont les principales bénéficiaires des programmes d’aide mis en place pour relancer l’économie des pays en développement après le choc provoqué par la pandémie de Covid-19, selon un rapport publié mercredi par un groupe d’ONG.
Selon le rapport, réalisé par la Coalition pour la Transparence Financière (FTC), les pays en développement ont consacré en moyenne près de 40% de leurs aides à la reprise économique en faveur des grandes entreprises, réservant une proportion tout juste équivalente au financement de mesures de protection sociale.
“Malgré le coût de la vie, les gouvernements des pays en développement, le plus souvent poussés par les institutions internationales financières, ont fait passer les grandes entreprises avant leurs populations,” a dénoncé le directeur de FTC, Matti Kohonen, cité dans un communiqué. La proportion est encore plus déséquilibrée dans certains pays, selon FTC, qui cite notamment la Zambie, dont 90% des aides ont profité aux grandes entreprises contre seulement 5% à des programmes sociaux, ou l’Ouganda. A l’inverse, certains pays, tels que l’Inde ou le Malawi ont consacré plus de 85% des aides à un soutien social. Seuls huit des 21 pays ont cependant consacré plus de 50% de leurs aides à des politiques sociales.
Entre 75 millions et 95 millions de personnes auront basculé dans l’extrême pauvreté
Ces aides ont par ailleurs nettement moins profité aux femmes, celles-ci recevant en moyenne moitié moins que les hommes, notamment du fait du soutien limité en faveur des travailleurs informels, plus souvent des femmes, pourtant majoritaires dans des pays comme le Bangladesh ou le Malawi. Conséquence, entre 75 millions et 95 millions de personnes auront basculé dans l’extrême pauvreté d’ici à la fin de l’année, assure le rapport, qui souligne que les dépenses, déjà en baisse en 2021 par rapport à 2020, se réduisent encore cette année.
Le rapport cite ainsi le cas de la Zambie, qui a diminué ses dépenses publiques et augmenté son taux de TVA afin de répondre au programme d’aide du Fonds monétaire internationale (FMI). “Plusieurs pays envisagent de réduire les dépenses liées à la santé, l’éducation ou la protection sociale alors qu’ils font face à des difficultés financières”, a ajouté M. Kohonen, qui accuse par ailleurs les institutions financières internationales de renforcer ces choix politiques.
La FTC appelle dès lors le FMI, qui doit tenir mi-octobre sa réunion annuelle, et la Banque mondiale à favoriser les politiques visant à renforcer le soutien aux populations, notamment en incitant à la mise en place d’un impôt progressif sur le revenu ou une taxation des superprofits et une lutte renforcée contre les mouvements financiers illicites.
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