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Coupe du monde: l’économie du foot expliquée par deux économistes

Lire la chronique d' Amid Faljaoui Amid Faljaoui, directeur des magazines francophones de Roularta.

Alors que la Coupe du monde approche de sa fin, j’ai voulu comprendre les ressorts économiques de ce sport mondialement connu. Et la meilleure manière, c’est de lire ou d’écouter ce qu’en disent Luc Arrondel et Richard Duhautois, deux économistes français qui ont rédigé un livre “l’argent du football”.

D’abord, pour moi qui ne m’intéresse pas au foot, j’ai mieux compris la popularité de ce sport, selon ces économistes qui se sont confiés aux Echos, “c’est un sport éminemment collectif dont les règles sont simples à comprendre et qui est facile à pratiquer – un terrain et un ballon – mais dont le résultat des matchs reste relativement aléatoire”. En effet, dans la grande majorité des sports collectifs, le meilleur a 70% de chances de gagner : dans le foot, c’est à peine 50%.

Là encore, la raison en est qu’on joue avec les pieds, par définition moins habiles que les mains, cela crée une incertitude captivante nous disent ces deux économistes, exactement comme dans les jeux de hasard. En effet, dans quel autre sport peut-on marquer contre son propre camp ? Et quant à ceux qui reprochent à ce sport de brasser trop d’argent, les deux économistes en question rappellent que tant que le football était uniquement joué par les aristocrates anglais, il n’était pas question d’argent. C’est seulement lorsque les ouvriers britanniques ont commencé à s’y mettre – donc au début de 19e siècle – qu’il a bien fallu payer ces joueurs pour compenser leur perte de salaire ! Autrement dit, c’est en se démocratisant que ce sport est devenu une machine à faire du cash.

Il faut aussi dire qu’en dehors de l’explosion des droits télé, un joueur belge Jean-Marc Bosman est à l’origine de cette avalanche d’argent sur le football. Pourquoi ? Parce qu’il a permis de libéraliser le marché du travail, si je puis dire. C’est suite à sa plainte judiciaire, qui est devenue “l’arrêt Bosman”, du nom de ce joueur belge opposé à son ancien club le RCF Liège et à l’UEFA, qu’il a été décidé de lever la limite dans une équipe de trois joueurs européens issus d’un autre pays. Donc à partir de cet arrêt Bosman, “le marché des talents s’est alors européanisé et quelques clubs ont commencé à dépenser des sommes folles pour constituer des équipes ultra-performantes” nous disent ces deux économistes. Exactement comme l’entrée en Chine, en 2001, dans le commerce mondial, a permis aux multinationales de délocaliser leurs usines et leur pollution en Asie.

Quant aux salaires mirobolants des joueurs de football qui visiblement choquent moins que le fait qu’un politique puisse voyager en classe affaires, ces deux économistes rappellent que le football c’est comme le cinéma, il y a quelques stars ultra bien payées (sans doute de manière indécente, mais comme elles provoquent du plaisir le public n’y trouve rien à redire). Ce qui est dommage pour tous ces patrons qui eux créent de l’emploi et se retrouvent critiqués à longueur de journée parce qu’ils gagnent bien leur vie, mais passons…

Donc, oui, ces deux économistes rappellent que l’immense majorité des joueurs de foot gagnent autour de 40.000 euros bruts mensuels et que leur durée de carrière moyenne est de 3 ou 4 saisons au plus haut niveau. Ce que je découvre en lisant l’interview de ces deux économistes du foot dans les Echos, c’est que la jeunesse est aussi un défi pour l’économie du foot. Parce que les jeunes consomment différemment le foot, ils piratent pour ne pas payer d’abonnement, ils consultent plutôt des résumés, et ils ne regardent que les buts sur leur smartphone. Je comprends mieux pourquoi une banque belge (la KBC, pour la nommer) avait en son temps négocié un accord pour avoir uniquement les vidéos des buts sur son application bancaire.

Pour le reste, c’est vrai que l’économie du foot est intéressante à décortiquer. Pouvez-vous me citer un seul secteur économique où ce sont les travailleurs, ici les joueurs, qui captent la majeure partie de la rente, donc des profits ? Je n’en connais pas ! C’est fascinant.

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