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Cop 26: il est où, le plan?

L’ampleur du défi climatique est telle qu’il ne sera résolu que si nous avons un plan de bataille porté par les pouvoirs publics.

Au moment de boucler cet article, la Cop 26 n’était pas encore terminée. Mais on voit qu’une quantité de choses bougent. Les entreprises montrent, et cela renvoie notamment à l’article sur le verdissement de notre sidérurgie paru la semaine dernière, qu’elles se sont emparées du problème. Les voitures électriques deviennent le “new normal”, les industriels réinventent leur métier, les gestionnaires de fonds cherchent les actifs verts comme le cochon la truffe, etc. Toutefois, l’ampleur du défi est telle qu’il ne sera résolu que si nous avons un plan de bataille porté par les pouvoirs publics pour intégrer au mieux tous ces efforts.

L’ampleur du défi est telle qu’il ne sera résolu que si nous avons un plan de bataille porté par les pouvoirs publics.

Or, il est où ce plan? C’est bien beau de proposer, comme on le fait en Flandre, de ne plus immatriculer que des voitures électriques en 2029. Mais s’est-on assuré d’avoir suffisamment de bornes électriques, suffisamment de voitures, suffisamment de batteries, suffisamment d’électricité verte?

C’est bien beau de vouloir remplacer nos vieilles centrales nucléaires en partie (et temporairement) par des centrales au gaz et par des éoliennes deux fois plus grandes. Mais s’est-on assuré d’avoir un stock de gaz suffisant pour affronter les aléas du marché? A-t-on tenu compte de la forte hausse de la demande d’électricité dans les années qui viennent? S’est-on assuré de la faisabilité, notamment sur les plans techniques et environnementaux, de cette augmentation de la taille des moulins à vent de la mer du Nord?

C’est bien beau de vouloir une Europe zéro carbone. Mais a-t-on instauré un système de taxe carbone aux frontières afin de ne pas mettre nos industries dans une position concurrentielle intenable face à celles de pays plus “laxistes”?

La responsabilité des pouvoirs publics ne consiste pas seulement à mettre en place des incitants pour transformer en profondeur nos modes de consommation et de production. Elle est aussi de faire en sorte que cela soit tenable. Forcer l’électrification du parc automobile mondial a des conséquences à tous les étages. Par exemple, la demande de lithium, de cuivre, de nickel devrait être multipliée par cinq dans les 10 années qui viennent. Cela propulse déjà les prix de ces matières premières vers des sommets, car il n’y a pas suffisamment d’exploitations minières pour contenter la demande. Pour des raisons environnementales, les pays développés ne délivrent plus les permis d’exploitation qu’au compte-gouttes. Or, construire de nouvelles mines prend des années.

Aujourd’hui, il y a des volontés mais pas vraiment de programme. C’est ce qui explique que selon les experts des Nations unies, la production des industries d’énergie fossile en 2030 sera encore deux fois plus élevées que le niveau compatible avec un réchauffement climatique limité à +1,5 °C. La grande décarbonation du monde ne se fera pas sans un vaste plan d’ensemble. Cela suppose de mettre en place des incitants pour favoriser les processus de production décarboné mais cela veut dire aussi changer de fond en comble les aides au développement économique pour soutenir les entreprises qui ne peuvent se décarboner toutes seules, mais aussi bâtir les infrastructures nécessaires (bornes, hubs électriques, etc.), et encore repenser la totalité de l’espace public pour permettre aux nouvelles installations de voir le jour tout en préservant les indispensables terres agricoles et forestières.

Le politique a un rôle majeur à jouer. L’homme politique devra effectuer un vaste “shift mental”: abandonner l’obsession des prochaines élections et agir pour le long terme. Et il ne pourra le faire que si l’électeur a, lui aussi, à coeur de défendre la planète plutôt que son intérêt personnel de court terme.

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