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Conjoncture économique belge: “Un remake de 2011…”

Au troisième trimestre de cette année, l’activité économique en Belgique a progressé de 0,4% par rapport au trimestre précédent. Ce chiffre, plutôt modeste dans l’absolu, est une réelle bonne surprise.

Les indicateurs conjoncturels, qui permettent d’évaluer l’activité économique avant que le chiffre officiel ne soit publié, indiquaient clairement une croissance plus modérée. Dans un contexte où l’activité du secteur industriel est ralentie par les tensions commerciales à travers la planète et les conséquences possibles du Brexit, la seule explication à ce chiffre plutôt optimiste (non seulement par rapport à ce que l’on pouvait attendre, mais également en regard des autres pays de la zone euro) est un bon maintien de la consommation des ménages. Celle-ci joue, à côté du commerce extérieur, un rôle crucial dans la dynamique économique de la Belgique.

Tout comme à l’époque, la question intuitive et un peu naïve de savoir si un gouvernement est réellement nécessaire au bon fonctionnement de l’économie belge revient aujourd’hui naturellement.

Un bon maintien de la consommation des ménages dans un contexte économique et politique difficile n’est pas sans rappeler la période de 2010-2011. Et tout comme à l’époque, la question intuitive et un peu naïve de savoir si un gouvernement est réellement nécessaire au bon fonctionnement de l’économie belge revient aujourd’hui naturellement. On pourrait en effet imaginer qu’une crise politique et l’incertitude qu’elle génère sont de nature à tétaniser le consommateur. Et pourtant, ces périodes sont plutôt associées à des performances correctes de l’économie belge.

Mais bien entendu, cette vision des choses est bel et bien naïve. Tout d’abord, il faut remettre les événements dans l’ordre. De fait, le marché de l’emploi continue de plutôt bien fonctionner pour le moment : les créations d’emplois restent honorables et, surtout, le revenu disponible des ménages (la somme de leurs revenus) progresse suffisamment pour à la fois leur permettre de consommer plus et augmenter leur taux d’épargne. Mais l’ensemble de ces éléments n’est pas lié à la situation présente : on sait que le marché du travail réagit avec un certain retard à l’activité économique. Il est donc fort probable que la résistance qui caractérise actuellement la consommation des ménages soit davantage liée à la dynamique passée des entreprises belges et éventuellement des mesures prises par le précédent gouvernement. A l’inverse, cela signifie que le ralentissement observé actuellement dans l’économie mondiale et dans l’activité du secteur industriel belge est de nature, s’il s’amplifie ou se prolonge, à affecter la dynamique du marché du travail dans les prochains mois.

De plus, rappelons que le gouvernement, tombé en décembre 2018, n’a pas été en mesure de concrétiser son budget pour cette année. La correction budgétaire demandée par la Commission européenne, qui aurait probablement demandé des mesures d’économie affectant le revenu des ménages, n’a donc pas eu lieu. Sous cet angle, on peut effectivement affirmer que l’absence de gouvernement a été bénéfique à l’économie, et à la consommation des ménages en particulier. Ceci étant, il faudra bien que le déficit soit corrigé un jour ! Une partie de la croissance économique actuelle n’est donc qu’une illusion dans la mesure où elle n’est que le reflet du retard accumulé dans la trajectoire de retour à l’équilibre des finances publiques.

Enfin, j’ai dans d’autres billets souligné les risques qui entourent les prévisions économiques actuelles. L’escalade des tensions commerciales, la valorisation de certains actifs financiers et non financiers ou encore les risques géopolitiques peuvent rapidement détériorer l’activité et la confiance. Or, seul un gouvernement de plein exercice pourra traiter ces dossiers.

En conclusion, la bonne conjoncture des dernières années, un peu de latitude en matière budgétaire, l’absence de choc majeur et, faut-il le rappeler, la faiblesse des taux d’intérêt qui sans cesse réduit la charge d’intérêt de la dette de l’Etat donnent l’impression qu’un pays peut être mis en pilote automatique pour un moment. Mais c’est faux : tant en matières budgétaire qu’économique, sociale ou climatique, le temps perdu ne se rattrape jamais !

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